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Si j’avais des sous…

15/01/2013
« Ah ! Si j’avais des sous, je ferais des affaires…» chantait Gilbert Bécaud il y a déjà bien longtemps. « Et j’achèterais du Premium allemand » écrirait-il peut-être aujourd’hui dans un couplet supplémentaire ? Car de ce côté-ci de l’industrie automobile, on semble ne pas connaître la crise. Les chiffres de l’année 2012 viennent d’être publiés, et le constat est sans appel : les marques allemandes dites « Premium » battent toutes des records de ventes, certes en Asie et en Amérique du Nord, mais également en Europe, et même sur les marchés allemand et français.

 

 

Munich, Stuttgart, Ingolstadt même combat !

Bien sûr, on pense immédiatement au trio germanique Audi, BMW et Mercedes, un trio qui a cassé la baraque en cette année de crise qui vient de s’achever, jugez-en :

Avec 1,45 million d’autos vendues, Audi a progressé globalement de + 11,7% l’an passé, ce qui se concrétise par un + 29,6% en Asie, + 18,5% aux Etats-Unis, et un petit + 1,8% en Europe. 

De son côté, le bavarois BMW a bloqué le compteur à 1,84 million d’autos commercialisées (avec Mini et Rolls-Royce), soit une progression totale de + 10,6 % (+ 31% en Asie, + 13,8% aux Etats-Unis, + 0,8% en Europe).

Quant au troisième larron, Mercedes, l’étoile de Stuttgart, il comptabilise 1,42 million de véhicules vendus avec un hausse de + 4,7% sur l’année (dont + 11,8% aux Etats-Unis mais seulement + 1,5% en Chine).

On ajoutera – pour la route- l’année record réalisée par le constructeur Porsche, tout comme Rolls-Royce, la légendaire marque de luxe, qui a fait son meilleur score en 2012 depuis sa création il y a 108 ans avec 3.575 unités vendues. Et les résultats sont impressionnants ici en Europe, + 21% (+ 15% pour la seule Allemagne). A noter que la marque a ouvert une trentaine de nouvelles concessions à travers le monde l’an passé.

 

 

Ils ont des sous !

On le sait, il y a de plus en plus de millionnaires sur la planète, et ces gens-là veulent rouler dans des autos dites Premium. On ne fera jamais rêver un bourgeois chinois avec une Clio, une Focus ou une Panda. Cette demande d’automobiles haut de gamme, voire très haut de gamme initiée avec l’émergence des grands pays ex-émergents s’est avérée plus importante et plus rapide que prévue. 

Du moins c’est ce que peuvent aujourd’hui dirent ceux qui ont manqué de perspicacité au passage du nouveau millénaire. Travailler sur ses bases à fond les manettes, c'est-à-dire fournir le marché européen, en commençant à regarder plutôt benoîtement comment évoluaient les choses en Chine par exemple, pouvait paraître de la gestion de bon père de famille. 

Mais les mauvaises années qui se répètent contredisent cette attitude. D’autres ont pris beaucoup de risques afin d’être présents ailleurs avec du rêve, du luxe, de la puissance… ils en tirent désormais de gros bénéfices, on pensera surtout à Audi, BMW et Porsche. Ces risques étaient réels, car développer de véritables laboratoires roulants de technologies innovantes avec des montées en puissance phénoménales était totalement en opposition avec cette auto petite et simple qu’on a voulu nous mettre de force entre les mains, ici en Europe, et notamment en France, à partir des années de crise : qui achètera une auto à 50.000 ou 70.000 euros disait-on alors ? Réponse : ceux qui les achètent mon capitaine ! Et ils sont de plus en plus nombreux à signer des bons de commande.

Il fut un temps où la France produisait des automobiles luxueuses, haut de gamme, on les appellerait « Premium » aujourd’hui. Mais c’était il y a déjà longtemps.

Bien sûr, nos constructeurs, et on pensera ici à PSA, tentent de se positionner sur certaines niches rentables, la ligne DS chez Citroën, 3008 et RCZ chez Peugeot sont de véritables coups de maître, mais cela ne suffit pas à contenter une demande qui se situe bien au-delà de la ligne symbolique des 30.000 euros qui constitue un peu cette ligne de démarcation entre la France et l’Allemagne, et qui fait que l’on exportera massivement ou pas.

Depuis quelques mois, nous nous posons la question à propos de la survie de notre industrie. L’automobile est un peu le porte-drapeau de celle-ci, elle donne l’image d’un pays à l’autre bout du monde, elle est le marqueur d’un savoir-faire, et plus on a de choses à montrer, mieux on se positionnera commercialement parlant. 

Quand on détaille la gamme Audi par exemple, on s’aperçoit que ce constructeur Premium est aussi un vrai généraliste… mais Premium : petites avec A1 et A3, moyenne avec A4, grande avec A6, limousine avec A8, des coupés deux ou quatre portes d’A5 en A7, des breaks off road, des 4X4 Q3, Q5 et Q7, de la vraie sportive en R8 et du cabriolet, sans oublier des V6 et V8 sous les capots. Qui dit mieux ou pareil ? Sûrement BMW !

On ne sait pas si cette progression de ventes durera longtemps, mais il est sûr que nous aurons beaucoup de mal à rivaliser sur ce terrain-là. Disons-le tout net, nous ne le pouvons pas en l’état actuel.

 

J. Nimaud

 

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