Elles sont huit orphelines juives que le professeur Markus Fabrikant, originaire d’une riche famille bourgeoise, et pas tout à fait professeur, avaient recueillies, les soustrayant par là même à la mort ou à une vie de dur labeur. Il recruta les fillettes les plus douées pour le théâtre et fonda en 1877 le Grand Cabaret. Sa devise : instruire et plaire. Son but : fonder une institution de « grande valeur pédagogique », pour « porter les lumières de la civilisation à travers tout l’Empire », « présenter à un public juif les extraordinaires richesses de la connaissance et de la culture universelle ». Considéré comme le père fondateur du théâtre roumain, il renouvela le genre du « tableau vivant ». Ainsi Yetti Hirsch, la mélancolique, la Duchesse, qui ne se remettra jamais d’avoir assisté à une pogrom, la grande Gina, et la petite Gina, la belle Esther, sa préférée, Mimi Landau qui deviendra rapidement la gestionnaire de la troupe, Kreindl surnommée le Rossignol de Bucarest, Perla Rabiner, et Becky la muette, la bonne, vont sillonner toute l’Europe de l’Est et connaître un immense succès avec leurs célèbres tableaux : Le petit Mozart reçu à la cour de Marie-Thérèse, Christophe Colomb découvrant l’Amérique, Napoléon sacré empereur,Le golem de Prague, Madame Curie découvrant le radium… Et ceci pendant une soixantaine d’années, les comédiennes ne se voyant pas vieillir. Après la mort de Markus en 1937, selon ses volontés, ce sera son neveu qui assurera la relève jusqu’à la tragédie finale.
Un extraordinaire roman, plein de drôlerie et d’émotion, une reconstitution du théâtre populaire yiddish et d’un monde disparu. A lire absolument !
LE CHRONIQUEUR
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