Les trois mousquetaires de Gascogne
Nos trois complices du Gers avancent sous l’étendard du Colombard, ce cépage qui, paraît-il, ne se plait qu’en terre de Gascogne, un cépage assez exceptionnel pour sa richesse aromatique due aux saveurs des fruits exotiques, mangue, ananas, fruit de la passion… Il sera donc majoritaire au sein de ce trio de Côtes de Gascogne, et vous l’aurez compris, nous allons parler de vins blancs, des blancs secs qui confirment l’expression du millésime 2013.
Igp Côtes de Gascogne Nuances 2013 du domaine de Joÿ (32110 Panjas), 142 hectares en Côtes de Gascogne et Armagnac, et ici un 90 % Colombard (avec du Chardonnay), qui nous délivre ses arômes de pamplemousse à foison, le fruit et la fraîcheur ont bien pointé en arrivant, c’est un tantinet exotique, mais le Chardonnay a sorti son décimètre pour nous mesurer une belle longueur qui ira de là… à là ! Incontournable à l’apéritif et avec les fruits de mer, que du bonheur en flacon, et à seulement 4,95 €.
Pour suivre, une vieille connaissance, les Producteurs Plaimont (32400 Saint-Mont), une belle institution dans le département qui permet aujourd’hui à nombre de jeunes viticulteurs de vivre du travail de la vigne. La maison nous propose de mettre sur la table pour accompagner un poisson grillé ou une cuisine asiatique, « Florembelle Excellence 2013 », Colombard bien sûr, mais avec cette fois-ci Sauvignon et Ugni Blanc pour passer aux arômes de fruits à chair blanche offerts avec une petite composition florale. On parle de vin gourmand, on aimera son côté rond et croquant en conclusion (4,50 €).
Les mousquetaires allaient par trois, ça tombe bien les IGP Côtes de Gascogne également. C’est François Morel du domaine Uby (32150 Cazaubon), qui dégaine son blanc sec Colombard et Ugni Blanc, c’est par ailleurs quasiment le nom de cette cuvée, et là encore il faudra se laisser embarquer dans une aventure sous le signe de l’exotisme, mais aussi de la fraîcheur, de la vivacité et de la générosité. Voilà un blanc parfait pour des plats venus de très loin, particulièrement épicés, mais qui trouvera également son bonheur avec une tarte au citron… très citron ! (4,50 €).
Fronton, le vin de Calixte II
Alors qu’il était pape sous le nom de Calixte II, l’archevêque de Vienne Gui de Bourgogne mit sous sa protection le vignoble de Fronton situé à une trentaine de kilomètres au nord de Toulouse. Ce n’est certes pas un hasard, ceci est dû au cépage la Négrette qui fut ramené en terre française par les Chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. L’époque était marquée par les croisades, ceci expliquant cela…
Quelque neuf siècles plus tard, si les Chevaliers et croisés ont disparu, la Négrette est toujours très active ici, il faut dire que l’environnement, chaleur, nuits fraîches et peu de pluie, sied à son développement et à son rendement. C’est ce que nous apprendront les trois Fronton qui vont suivre dans ces colonnes, trois rouges baptisés « cœur de vendanges ».
Le premier est un 100 % Négrette, et franchement, à chaque fois, nous craquons pour ces rouges puissants, « terreux », généreux, mais qui savent mettre en avant leur souplesse et un brin de minéralité. On aime aussi ce côté épicé du vin qui le prédispose à former l’accord parfait avec une viande en sauce. Ce Fronton est le « Coste rouge 2011 » du Château La Colombière (31620 Villaudric). Il est vendu 13,00 € départ cave.
Frédéric Ribes s’est longtemps battu pour convaincre les gens de l’INAO que la Négrette était un trésor pour le vignoble de Fronton. Il n’attaquait pas les moulins mais une administration souvent réticente à l’innovation ou au changement. C’est peut-être pour cette raison qu’il a appelé son rouge 2011 « Don Quichotte », Négrette à 60 %, avec la Syrah pour faire le bon compte. Il y a du fruit noir bien sûr, une pointe de réglisse, un peu de menthe, beaucoup d’amplitude, des tanins bien élevés, et une certaine aptitude à faire croire qu’il n’y a rien de mieux aux alentours. Et on y croit ! Là encore, ce rouge du domaine Le Roc (31620 Fronton), sera le compagnon idéal de vos viandes rouges, voire un gibier de passage (12,50 €).
Fronton rouge 2011 « l’Enchanteur », du Château Viguerie de Beulaygue (82370 Labastide Saint-Pierre), et encore un mariage Négrette – Syrah, les témoins sont à la dégustation : robe rubis, fruits noirs, épices, la suite sera charpentée et corsée, c’est dense, on a reconnu au passage la réglisse et peut-être le pruneau, et là pas de chichi, c’est direction le cassoulet, même si on nous le conseille avec une côte de porc noir de Bigorre. Mais le cassoulet c’est bien aussi ! (11,50 €).
Bandol ou « l’esprit terroir »
Si je vous parle des villages du Castellet, de la Cadière d’Azur, d’Ollioules, et bien sûr de Bandol, vous allez vous croire en vacances sous le soleil exactement. Courage, l’été c’est pour dans quatre mois. Mais le meilleur arrive, et c’est valable aussi pour les rouges puisque je vais vous narrer une histoire de Bandol, mieux, cinq Bandol en une fois. C’est ça « l’esprit terroir » vu par le Moulin de la Roque (83330 Le Castellet), réunir dans un magnifique coffret cinq terroirs de l’appellation issus des 270 hectares de vignes du domaine, plus précisément cinq bouteilles de 50 cl qui vont vous démontrer que l’on peut appartenir à la même famille, quasiment à la même appellation géographique, tout en conservant chacun sa spécificité, sa typicité.
« Même si en surface tous les plans de Mourvèdre ont la même apparence, sous terre, il en est tout autrement », c’est ainsi que le Moulin de la Roque définit ce qui fera « l’esprit terroir » qui différenciera ce Bandol par rapport à un autre Bandol.
Traditionnellement, le Bandol, majoritairement Mourvèdre, présente une robe foncée, on la dira grenat, des arômes assez complexes de fruits mûrs, avec quelques notes de cerises et d’épices qui prédominent, ces vins sont riches, veloutés, tanniques, un brin poivrés, la richesse et la matière les caractérisent, et c’est ce que vous allez trouver au cours de cette dégustation de cinq Bandol, mais toujours avec des nuances avérées et assez facilement détectables. Chacun a sa personnalité et ses propres armes pour vous séduire.
On a parlé de cinq terroirs dans ce coffret, ils ont pour noms Les Marnes Sableuses, les Sables rouges, les Galets du Trias, les Marnes Noires et les Calcaires à Rudistes. Le coffret de cinq bouteilles de 50 cl chacune est vendu 55,00 €.
La ficelle
La « ficelle » remonte à la fin du 15ème siècle, on doit l’invention à un cabaretier qui utilisa une ficelle avec des nœuds qu’il plongeait dans les pichets afin de mesurer la quantité servie. Elle est devenue l’emblème des vins de Saint Pourçain depuis déjà 26 ans, et chaque année des dessinateurs humoristiques habillent les bouteilles de Saint Pourçain rouge « la Ficelle ».
Nous sommes dans le département de l’Allier, c’est donc du côté du Gamay que l’on va se tourner, Gamay plus Pinot noir, peut-être a-t-on quelques cousins en Bourgogne ?... C’est du fruit rouge à volonté, c’est riche et frais, c’est un peu le vin de soif qui va s’exprimer avec des charcuteries et des viandes grillées, sans oublier toute la cuisine lyonnaise quasi voisine (4,75 €).
Ne quittons par Saint Pourçain sur Sioule et l’Union des Vignerons de Saint Pourçain, sans parler du « Blanc Premier 2013 », Chardonnay (70 %) et Tressallier, toute la fraîcheur des agrumes et la douceur de la fleur blanche, c’est le blanc sans histoire, simple, convivial, le blanc du casse-croûte, de l’apéritif, voire de l’andouillette (4,95 €).
En rouge et blanc pour suivre…
Voici une sélection de rouges et de blancs à mettre à vos menus, ils sont bien nés ou plus discrets, ils ont tous un potentiel de persuasion qui vous intéressera…
« La Bonne aventure », c’est un Coteaux du Vendômois rouge que l’on doit à la Cave Coopérative du Vendômois (41100 Villiers sur Loir), majoritairement Pineau d’Aunis (avec Pinot noir et Cabernet), un rouge flamboyant qui a mis dans son panier la framboise, la mûre, le cassis, plus quelques épices pour étonner en fin de bouche, c’est un rouge avec des tanins légers, un rouge ample et généreux que l’on servira avec un thon rouge ou une cuisine exotique (5,00 €). Une bonne aventure !
« Cendrillon Cuvée Classique », une cuvée dite « soyeuse et caressante » qui nous vient de vieilles vignes des terrasses de l’Orbieu, nous voilà donc côté Corbières au plus sud de la France. Ici, l’assemblage fait appel à la syrah, au Grenache et au Carignan, un classique du genre à la robe qui brille façon rubis, au nez aromatique façon cassis-fraise, à la structure généreuse façon vrai baroudeur, et aux tanins bien mis sur eux façon élevé en institution suisse. Cendrillon nous vient du Château La Cendrillon (www.lacendrillon.fr), et sera le rouge idéal avec l’agneau (12,00 €).
« La Belle Romaine 2011 » est un Savoie Mondeuse, le rouge « de montagne » à la robe sombre et aux tanins prononcés, vin assez complexe, charpenté et apte à vieillir (jusqu’à dix ans), le vin des charcuteries et de la tomme de Savoie, on le doit au domaine Genoux, Château de Mérande (73800 Arbin), et il est vendu 11,00 €.
La « Cuvée éternellement 2011 » du Château Ponzac (46140 Carnac-Rouffiac) a l’accent du sud-ouest puisque née du côté de Cahors, là ou le Malbec fait la loi. On ne s’étonnera pas de découvrir une robe violacée, annonçant un vin tannique, dit rustique, charnu, terriblement efficace avec un confit de canard ou un foie gras, et si on y prend garde, peut-être trouverons-nous des arômes de truffe… (15,00 €). Un Cahors qui a tout d’un grand !
« Mon bon plaisir 2012 » - avouez que ces patronymes aident le pèlerin ! – est le bon plaisir du Domaine du Chapitre (07700 Saint-Marcel d’Ardèche), c’est un IGP Ardèche, un rouge encore de la Vallée du Rhône, généreux, tannique, fruité, que l’on réservera à un poulet à la tomate, riz et olives. Simple et goûteux (5,50 €).
Dans le même genre, nous avons « la Charmeuse 2012 » du Château de Gaudou (46700 Vire sur Lot), une maison que l’on connaît pour ses Cahors et qui nous propose cette fois-ci un IGP Côtes du Lot, plus souple qu’un Cahors, frais et généreux, a voir du côté des charcuteries (6,00 €).
En blanc, on fera simple et dans l’excellence avec un Hermitage Blanc de la Cave de Tain l’Hermitage (26600), baptisé « Au cœur des siècles ». C’est le vignoble noble de la rive gauche du Rhône, perché sur ses terrasses, le blanc Marsanne – Roussanne à la robe dorée, aux arômes de fruits secs et floraux, sa puissance est légendaire, on le dira corsé, et on le réservera pour un foie gras ou un homard grillé. C’est un blanc que l’on peut conserver une quinzaine d’années (31,50 €).
Terminons par un Brut Blanc, blanc certes mais effervescent, c’est le « Brut de Franc Majy » que l’on doit à la maison Couly-Dutheil (37500 Chinon), un Crémant de Loire qui vous surprendra par sa fraîcheur, par la finesse de la bulle, par son fruit et son aptitude à animer tout un repas depuis l’apéritif jusqu’à la tarte finale. Un beau vin effervescent (12,00 €)… et par un Crémant d’Alsace que l’on doit à la Cave du Roi Dagobert (à Traenheim), maison fondée en 1952, pionnière en agriculture durable, et qui regroupe près de 1.000 hectares. Ce Crémant d’Alsace, orné d’une belle cigogne, est en méthode traditionnelle, élevé 18 mois sur lattes. C’est un assemblage de Pinot gris et Pinot auxerrois qui se présente avec une robe or pâle très chic, la bulle est taillée par un orfèvre d’Anvers, il y a de la poire, de la pomme (aussi !) et de l’aubépine. Frais, élégant, un brin minéral, il sera parfait avec un poisson en sauce (entre 7,00 et 9,00 €).
Le VDN de Rasteau fête ses 70 ans
Et allez, il ne les fait pas ce cher Vin Doux Naturel qui a fait le succès de la cave, une maison qui porte toujours l’étendard avec bonheur. Pour fêter cet anniversaire, la Cave de Rasteau (84110 Rasteau) nous invite à redécouvrir son VDN en habillage d’époque, avec une étiquette qui reprend une carte postale des années 50, plus une boîte canister du meilleur effet (qui sera parfaite ensuite pour ranger vos spaghettis !).
100 % Grenache, des vignes de 50 à 80 ans, un rendement de 30 hl/ha, vinifié au début comme un vin tranquille normal, puis arrêt de la fermentation du moût, le VDN de Rasteau se décline en rouge ou doré. Rouge avec une robe grenat, un nez très raisins secs, chocolat et tabac, pour un vin ample, racé, qui sera apprécié avec un dessert au chocolat, voire en apéritif. Doré, c’est une robe en or, des fruits exotiques, pêche et litchi à peine cueillis, quelques épices pour montrer que l’on a voyagé, et c’est le foie gras qui confirmera le label « excellence ». Rouge et doré sont vendus 19,50 e l’un (avec la boîte canister).
LE CHRONIQUEUR
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