« En Lozère on s’échine au travail dans le froid, le chaud, le vent. On a les mains calleuses, le corps cassé, le visage buriné. On crève pour trois sous que le roi veut voler, on met au monde dix enfants pour en garder deux qui, dès l’âge de cinq ans trimeront eux aussi comme des bêtes. » Dans ce coin du Gévaudan l’hiver est rude et long : cinq mois. On y vit en autarcie. Et ce que craignent plus les hommes en cette fin du 18è siècle, ce ne sont pas les loups qui s’attaquent au bétail, c’est le Diable, les esprits mauvais, les hôtes des ténèbres. Dans le village de Besseyre-Sainte-Marie on va voir le père Chastel pour lui acheter des amulettes. On l’appelle le Masque, il remet en place les membres démis, il vend des herbes curatives. Son cadet, Antoine, un garçon farouche, connaissait la forêt par cœur. Pourtant il est parti découvrir d’autres horizons, entendre d’autres langues que son patois, humer des odeurs différentes. Après quelques années passées au-delà de la mèr, on dit qu’il est revenu. Et voici qu’une bête « grande comme un veau, au poil roussâtre, rayée de brun sur l’échine, avec des oreilles courtes, une queue longue très mobile, de puissantes mâchoires, des yeux méchants » se met à attaquer les humains, à tuer de jeunes garçons et filles de la région, délaissant les troupeaux. Elle est d’une grande agilité et d’une surprenante intelligence. Et elle se joue de tous les chasseurs du royaume.
La légende de la Bête du Gévaudan magnifiquement revisitée dans cet ouvrage à donner le frisson.
LE CHRONIQUEUR
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