Ari, le narrateur, va bientôt s’endormir à jamais. Il est le dernier des Spinoza, car l’arbre de la famille n’a plus de branche masculine. En 1989, au moment où des gens s’occupaient à mains nues de détruire un mur qui avait coupé l’Europe en deux, à Oslo, sur son lit de mort, sa mère lui avait fait promettre de raconter leur histoire. Alors Ari laisse cours à ses souvenirs, aux anecdotes issues de la mémoire du « conteur », son grand-oncle Franz Scharf, dit Franci ou Fernando. Pièce rapportée, il connaissait comme personne l’histoire de cette famille qui n’était pas la sienne. Elle avait commencé trente six générations plus tôt à Espinoza, près de Burgos en Espagne avec Baruch Halevi, né poilu avec un nez gigantesque ? Fils de rabbin il croisa Moïse qui lui demanda de partir vers l’ouest, de fonder une communauté juive, et lui annonça qu’il découvrirait le « grand secret », celui que l’humanité ne cesse de chercher. Baruch s’installera à Libonne. Médecin du roi, il confectionnera la recette de l’élixir de l’immortalité qui se transmettra de génération en génération : à Simon, Amos, Schlomo, Israël, Chaïm le Kabbaliste, Moïshe l’auteur du Livre des Splendeurs, Salman qui lui y goûtera et vivra près de trois siècles et demi, plus connu sous le nom du Juif errant. Cette famille comptera également Benjamin le philosophe. Quelques femmes également y laisseront leur empreinte comme Shoshana, mathématicienne et physicienne, éduquée par Voltaire, ou Chiara la révolutionnaire.
De Lisbonne à Amsterdam, de Cordoue à Budapest en passant par Vienne ou Paris, à travers l’histoire de cette famille toujours en fuite, jamais en sécurité quelque part, hormis dans le monde des livres, c’est l’histoire de l’Europe qui nous est contée dans ce gros ouvrage absolument passionnant jusqu’à la dernière page.
LE CHRONIQUEUR
Les Commentaires