« D'elle, il ne connaissait que l'amour qu'il lui portait, mais qu'importe, avait-il besoin d'en savoir plus ? Il l'aimait, et cet amour le porterait vers la victoire. ». Bonaparte a vingt six ans. Il a été nommé à la tête de l'armée d'Italie. C'est une armée en haillons, des héros en loques, il en fera des seigneurs. Les soldats le suivent aveuglément, « ils admirent ce petit homme en redingote qui vacille, qui tremble, mais qui est là, qui marche avec eux ».Durant deux mois, il va, il court, il vole de victoire en victoire. Ses généraux sortent de la rue, certains du ruisseau et ils écrasent ceux issus des antichambres des Cours étrangères. Ses ennemis sont d'une époque révolue, lui il est de son temps. Il est acclamé par les foules, à Turin, à Milan, à Bologne, il est le symbole de la Révolution et avec lui elles espèrent accéder à l'indépendance, à la liberté. Mais ses victoires ne sont rien sans Joséphine épousée juste avant son départ, restée à Paris et qui a pour amants ses rivaux. Elle, la ravissante créole, la veuve d'un guillotiné, a épousé Bonaparte parce qu'elle a senti, sous son aspect pitoyable, pâle, maigre, fragile, à l'accent risible, mais « fascinant par sa beauté étrange » le général plein d'avenir... et celui qui effacerait ses dettes car la belle est frivole, coquette. Bonaparte l'inonde de lettres, elle répond rarement, et jamais les mots qu'il attend. Les victoires ne changent rient, Joséphine ne l'aime pas, ne l'a jamais aimé. Elle est une défaite. Mais Bonaparte se redressera, c'est un homme blessé qui reviendra de cette campagne, mais un homme nouveau : Napoléon.
Un vrai plaisir que ce roman, une fabuleuse épopée servie par une écriture alerte, enlevée, signée Raoul Mille disparu en 2012.
LE CHRONIQUEUR
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