Louis est un jeune homme pauvre, « nourri par l'assistance publique ». Il a survécu grâce à des emplois de précepteur, de répétiteur. Ses études de chimie lui permettent de trouver un emploi auprès du Conseiller G., directeur d'une grande usine de Francfort. Comme il est compétent et surtout tenace, il devient rapidement assistant des expérimentations confidentielles. Le Conseiller G. est un homme vieillissant, souffrant et il lui propose un poste de secrétaire particulier et de vivre chez lui. Louis refuse dans un premier temps, ne voulant sacrifier son indépendance et revivre les humiliations d'antan. Mais la maladie de son patron et la bienveillance de la jeune épouse de celui-ci, qui elle a compris les motifs de son refus, l'amènent à l'accepter. Il se sent « veillé et non plus surveillé ». Elle exauce ses désirs. Il jouit de sa présence, de chacun de ses gestes, de ses mouvements « comme d'une musique ». Son patron l'envoie pour deux ans au Mexique sur un poste à haute responsabilité. C'est une ascension fulgurante en même temps qu'une douleur fulgurante, celle de devoir la quitter. Car il l'aime d'un amour fanatique, effréné, absolu. Et elle aussi, à l'annonce de son départ, répond à cette passion. Mais elle ne sera à lui qu'à son retour, c'est sa promesse.
Au Mexique, il travaillera comme un fou, comptant les jours, apprenant ses lettres par c?ur. La Première Guerre Mondiale éclate, empêchant son retour. Il se mariera, aura des enfants... Ce n'est que neuf ans plus tard qu'ils se retrouveront enfin. Ils ont vieilli. Rien ne semble avoir changé, sauf eux peut-être ?
Une magnifique nouvelle de Stefan Zweig, qui sait dépeindre les sentiments comme personne, inédite en France jusqu'en 2008 et récemment adaptée au cinéma par Patrice Leconte.
LE CHRONIQUEUR
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