En cette année 1999 tout bascule pour Blanca Perea : son mari Alberto l’a quittée. La prétendue solidité de son couple a volé en éclats au début de l’été. Ses deux fils se débrouillent seuls désormais. Et elle vient de passer deux mois à essayer de s’adapter tant bien que mal à cette nouvelle réalité pour faire face à cette année universitaire. Elle n’a plus « l’énergie suffisante pour garder la tête hors de l’eau, pour se raccrocher une fois de plus à la routine et les responsabilités, comme s’il ne s’était pas produit une coupure aussi nette. » Et lorsqu’elle apprend qu’Alberto va avoir un fils avec sa nouvelle compagne de quinze ans sa cadette, ce troisième enfant qu’il lui avait refusé, c’en est trop et elle fait le choix de partir loin de l’Espagne. Elle accepte une mission aux Etats-Unis, à l’université de Santa Cecilia, au nord de la Californie, près de San Francisco dotée d’une bourse financée par une fondation privée. Son objectif : classer le legs d’un ancien membre de la faculté mort en 1969, d’origine espagnole : Andrés Fontana. Une tâche ingrate pour une universitaire spécialiste en linguistique : trier un amas de caisses et de dossiers, des chemises éparpillées sur le sol, des piles de documents empilés au hasard. Mais Blanca comprend peu à peu que ces documents ne sont pas simplement « une simple compilation d’écrits sans âme susceptibles d’être manipulés au hasard avec la froideur de données statistiques… » Elle doit adopter une attitude humaine, proche, elle doit découvrir la personne cachée entre les mots, « récupérer la mémoire enterrée d’un homme oublié » : Fontana, fils d’une humble femme de ménage et d’un mineur analphabète, pris de passion pour les missions créées par les franciscains espagnols, ces moines austères qui au 18è siècle ont parcouru cette terre encore sauvage de la Californie, pour bâtir, christianiser et aider les populations natives à entrer dans la civilisation. Ses recherches vont bientôt prendre une nouvelle tournure et agiter la faculté…
Par l’auteur de L’Espionne de Tanger, un roman passionnant.
LE CHRONIQUEUR
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