« Je suis dans cette eau glacée, je ne sais pas nager ». 29 novembre 1981, Natalie Wood vient de tomber du pont du bateau le Splendour en face de l’île Santa Catalina, dans la baie de Los Angeles. Pendant que son mari Robert Wagner et son amant Christopher Walken, avec qui elle tournait un film qu’elle ne terminera jamais, s’enivrent sur le pont. Elle y passait les fêtes de Thanksgiving. Est-elle tombée par maladresse, en voulant prendre le canot ? A-t-elle été poussée au cours d’une dispute ? S’agit-il d’un suicide ? Qu’importe ! Elle va mourir dans cette eau glacée et se remémore sa vie, ses succès, ses ratés, ses amours et les hommes de passage. L’océan veut sa peau, enfin celle qui lui reste, « celle laissée par Hollywood comme un pourboire balancé à un miséreux ». Natalie Wood, c’est une enfance volée par une génitrice russe, à la carrière ratée et qui a reporté ses rêves de gloire sur sa petite fille, c’est un corps d’enfant strangulé, un animal de compétition de studios de cinéma, une fille modèle, adulée, qui enchaînera les films. C’est une immense actrice, bouleversante de talent, l’interprète inoubliable de films culte : « West side story », « La fureur de vivre », et « Propriété interdite », celui qui lui ressemble le plus. Souvent nominée, elle ne sera jamais oscarisée.
« Ma vie a été une chasse et c’est moi qui me suis tuée. J’ai tout laissé dans la bataille. Mon mètre cinquante deux dans sa peau diaphane, mes yeux éblouis, fatigués par les spots, cernés par les insomnies, déchiquetés par les superlatifs, mon cul minimaliste sur les tapis rouges, ma taille de guêpe sans dard, ma moue paradoxalement sage, mes manucures soignées, puis rongées qui tracent des pointillés de dope, mon insouciance dans des rasades de gin, mes pommettes dans des shots de vodka, les caresses épisodiques des barbituriques. ».
LE CHRONIQUEUR
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