Serrez les rangs !
En attendant, il va falloir faire avec le score décevant des régionales de mars dernier, c’est-à-dire en dessous des 30%, ce qui démontre toute la dangerosité du parti unique qui ne peut compter que sur lui-même au second tour. Et les critiques n’ont pas tardé, critiques venues des rangs de l’Assemblée Nationale et du Sénat où l’on commence à s’inquiéter pour une réélection future, et critiques évidemment dirigées contre Nicolas Sarkozy et sa politique de réformes sur laquelle, d’ailleurs, ces mêmes parlementaires se sont fait élire. De la taxe carbone au bouclier fiscal en passant par les retraites, chacun y va de son Stabat, ça pleurniche, ça fait moins le fier. Et alors, fallait pas y aller !
Et il y a aussi cette affaire d’ouverture à gauche qui a fait perdre des voix, le débat sur l’identité nationale qui n’était pas judicieux, et pourquoi pas la grippe A et le nuage islandais ? Au moment de serrer les rangs et de définir une nouvelle stratégie, l’UMP s’éparpille en donnant l’impression que le bateau prend l’eau.
Un parti pour un Président
Union pour la Majorité Présidentielle, l’UMP a vu le jour pour soutenir la candidature de Jacques Chirac en 2002. C’est après que le parti est devenu Union pour un Mouvement Populaire, d’UMP en UMP. Dès sa création, il regroupait le RPR et Démocratie Libérale, il sera rejoint par les deux tiers des députés UDF. L’UMP est un rassemblement gaulliste, libéral et démocrate, et il est aujourd’hui en nombre d’adhérents (environ 220.000) le premier parti de France. Il compte 309 députés, 138 sénateurs et 29 députés européens.
Machine créée pour gagner les présidentielles et les législatives, il a parfaitement rempli sa mission, tant en 2002 qu’en 2007, mais s’est ramassé à chaque fois aux élections locales, municipales, cantonales et régionales. Comme si ce rassemblement n’avait un sens que pour les consultations nationales, celles qui attribuent les véritables pouvoirs, exécutif et législatif.
Mais aujourd’hui, à deux ans du terme, l’UMP semble victime de l’usure de ce même pouvoir. Huit ans à gouverner à l’Elysée, à l’Assemblée et au Sénat, c’est long, tous les coups sont envoyés dans une même direction, et cette fameuse crise n’aura rien arrangé. Les réformes, apparemment souhaitées par les Français, ont du mal à passer, le chômage est reparti à la hausse et les vieilles peurs reviennent au galop, exacerbées il est vrai par une gauche revitalisée depuis peu, une gauche qui ne propose toujours rien, ce qui semble séduire les Français qui votent, c’est-à-dire un sur deux. Même la politique environnementale du gouvernement, qui a quand même fait ce fameux « Grenelle » avec un Jean-Louis Borloo sur les barricades, n’y a rien fait, les Français ont voté Vert.
Du coup, les rumeurs les plus folles circulent : le Président va-t-il dissoudre comme Chirac en 1997 pour mieux rebondir avec un gouvernement de gauche, se représentera-t-il en 2012, et pourquoi pas un gouvernement de salut public pour faire face à la crise ? Mais que je sache, la France n’a pas dévissé comme la Grèce ou l’Espagne, le pays n’est pas paralysé par de gigantesques mouvements sociaux, le pouvoir n’est même pas contesté par la rue ?...
Candidat ou pas ?
Quant à se présenter ou pas, il sera seul juge. Et si jamais il n’y va pas, il y aura pléthore de prétendants au titre, qui tous seront battus, c’est quasi inéluctable. Comme seront balayés aux législatives plus d’une centaine de députés UMP sortants.
Une présidentielle est une véritable machine de guerre au service d’un candidat qui a besoin d’avoir un parti soudé et puissant derrière lui. Ségolène Royal en a fait la triste expérience alors qu’à six mois du scrutin elle caracolait largement devant dans les sondages. Ne représentant pas le choix ferme du PS, elle n’a pu gagner le sprint final. Demandez également à Giscard…
Et que croyez-vous qu’il arrivera si, faute de Sarkozy, l’UMP se retrouve dans l’obligation de soutenir Villepin, Juppé ou pourquoi pas Borloo qui se sentira d’un coup une âme de présidentiable ? Chacun tirera à hue et à dia, les Gaullistes légitimistes d’un côté, les Chrétiens sociaux de l’autre, et quid des souverainistes, Gaullistes de gauche et CNI, tous aujourd’hui sous la bannière UMP ?
Globalement, le parti du Président doit tout faire pour que les réformes du Président aboutissent, faute de quoi il s’offrira un cure d’opposition à 160 députés pour cinq ans… voire plus. Mais c’est aussi le jeu politique où l’alternance est la règle. De plus, rien de mieux qu’un passage par l’opposition pour reconquérir les pouvoirs locaux…
LE CHRONIQUEUR
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