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Le Hamas observateur ?

03/12/2012
« Enclave pauvre, surpeuplée et meurtrie par la violence », c’est l’image quasi-officielle proposée par les médias pour définir la situation actuelle de Gaza.
Gaza, 360 km² et 1,5 million de Palestiniens, territoire minuscule en bordure de Méditerranée à propos duquel, déjà au Ve siècle avant J.C., Hérodote évoquait les Philistins qui y vivaient. Mais surtout Gaza aujourd’hui sous le contrôle du Hamas, et ce depuis juin 2007.

 

 

Où sont passés les milliards ?

« Enclave pauvre, surpeuplée et meurtrie par la violence », il n’y a jamais de mots assez forts en France pour condamner l’attitude d’Israël dans ce conflit du Proche-Orient. En France et au sein des institutions officielles, même si à chaque fois c’est le Hamas qui rompt la trêve en envoyant ses roquettes sur Israël. Mais la technique a fait ses preuves, Arafat l’utilisait à sa manière en son temps, ce n’est jamais l’attentat ou l’attaque du côté palestinien que l’on condamne chez nous, mais la réplique d’Israël.

« Enclave pauvre » certes, c’est même l’évidence quand on constate le niveau de délabrement des infrastructures et le taux de chômage dépassant les 50%, mais quand on sait que l’Europe, entre autres, (sans parler des pays arabes producteurs de pétrole) verse depuis longtemps des sommes colossales aux autorités palestiniennes, on peut légitimement se demander à quoi sert cet argent, ou pour faire court, où il va ?

Arafat d’abord, funambule assoiffé de pouvoir, Mahmoud Abbas ensuite, portent une lourde responsabilité sur les réseaux de corruption et de détournements de fonds qui ont fait le lit du Hamas. Nous autres Européens sommes co-responsables pour ne pas avoir imposé des contrôles sévères sur l’utilisation de cette aide internationale.

« Enclave surpeuplée » certes encore, mais on oublie qu’à peu près 75% de la population israélienne est entassée sur une bande côtière d’à peine dix kilomètres de large entre Hadera et Ashdod, le long de la Cisjordanie, vivant perpétuellement sous la menace de bombardements. Un ministre israélien des affaires étrangères appelait cela « l’Auschwitz d’Israël » en évoquant cet état de siège permanent.

 

La paix ou la mort ?

« La paix à l’intérieur des frontières de 1967 » dit le Hamas. Mais qui peut encore croire de telles paroles puisque l’organisation refuse de reconnaître Israël en tant que nation se posant quasiment en séide du djihad dans la région ?

Depuis la création de l’Etat d’Israël, depuis plus de 60 ans, personne n’est arrivé à trouver les termes d’une paix durable : du statu quo de novembre 1947 à Camp David en 1978 quand Sadate et Begin se retrouvaient sur l’essentiel, déclenchant par là même la colère d’Arafat, de la Guerre des Six Jours à la première intifada des années 80, la doctrine d’un état juif en Palestine n’a jamais fait l’unanimité, pas plus chez nous en Europe que dans le monde arabe.

Le Mont Sion, où fut bâtie Jérusalem, a donné son nom au sionisme, mouvement né à la fin du 19ème siècle chez les Ashkénazes d’Europe Centrale en réponse aux pogroms, un sionisme souvent synonyme chez nous d’intégrisme ou de fanatisme. On peut même rappeler la résolution 3379 de l’ONU en 1975 assimilant le sionisme au racisme !

Et là je n’évoque même pas l’antisémitisme qui perdure en France sous des aspects divers, depuis les héritiers de Mauras aux groupuscules extrémistes pro-palestiniens, en passant par certaines de nos banlieues où là encore le communautarisme a pris des allures de combat, il est inutile de revenir sur l’affaire Merah…

 

Qui osera parler plus fort que le silence complice ?

Il y a quelques années, certains politiciens, à l’instar de Shimon Peres, imaginaient une sorte de Bénélux moyen-oriental où se retrouveraient Israël, la Jordanie et l’Etat Palestinien. Le rêve a fait long feu car depuis, une carte nouvelle est venue changer le jeu, celle du djihad commandé par Ben Laden et surtout Ahmadinejad, l’iranien qui évoque le régime occupant Jérusalem comme devant « être effacé des pages de l’Histoire », reprenant ainsi les paroles de Khomeiny.

L’écrivain et journaliste Magdi Allam, né en Egypte, et qui fut un militant pur et dur de la cause palestinienne, parle d’Arafat comme « le pire malheur des Palestiniens ». Mais Arafat avait le soutien inconditionnel de la France, il était le proche de nos Présidents, donc on ne discutait pas ses positions. Seule l’Amérique, depuis les années 70, a pesé sur le conflit en tentant de rapprocher les belligérants. Sans Arafat, les accords de Camp David auraient pu déboucher sur une paix durable. Aujourd’hui, c’est le Hamas qui a hérité devant notaire d’une guerre à mener coûte que coûte, un mouvement qui s’est imposé sur une misère planifiée par les autorités palestiniennes. 

Que va-t-il désormais se passer avec ce statut nouveau de « pays observateur » que vient de décrocher Mahmoud Abbas à New York pour la Palestine, et ce dans un environnement proche totalement bouleversé avec l’arrivée de gouvernements islamistes aux commandes de l’Egypte ou encore de la Tunisie ? Peut-on dire sérieusement que l’ONU va permettre de faire avancer les vieux adversaires vers une paix des braves ?

« Israël gagne les guerres et perd les paix » disait Raymond Aron en son temps.  Mais on ne fait pas la paix tout seul. Depuis leur plus jeune âge les enfants palestiniens sont « conditionnés » dans la haine du Juif. Cette « haine » est relayée aujourd’hui ici en Europe, notamment en France. Les vieux démons ont la peau dure.

 

J. Nimaud

 
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