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Voyage musical

« Tu peux m’imaginer, entre les rochers et la mer, dans une cellule d’une immense chartreuse abandonnée… une cellule en forme de grand cercueil, une petite fenêtre donnant sur les orangers, les cyprès du jardin ? » Ces lignes ne sont pas celles d’un mourant, mais le bonheur s’en allait vite face à la mer, ici à Majorque, où Frédéric aurait dû recouvrer la santé. Mais pourquoi douter ? Elle, qui était loin de son Berry natal connaissait le pouvoir de cette île où elle avait déjà séjourné quatre ans auparavant avec Musset. Mais la vie file à petit pas pressés, ce n’est pas le souvenir de Varsovie, ni les été de Nohant, pas plus que cette escapade à Majorque qui empêcheront celui qui a « fait parler à un seul instrument la langue de l’infini » d’attaquer la coda d’une vie trop courte comme une symphonie inachevée, et ce à l’âge de 39 ans. Un romantique ne peut pas vieillir, Chopin montre la voie, Schumann suivra très vite à 46 ans seulement. Et tous deux sont nés en 1810, on aurait pu donc célébrer il y a peu un double bicentenaire en l’honneur de ces deux grands compositeurs du 19e siècle.
Et comble du hasard, à leur naissance, Mendelssohn n’avait qu’un an, et Liszt n’arrivera qu’en 1811 (pour mourir à 46 ans également). En deux ans, les quatre piliers du romantisme musical ont vu le jour.
« C’est maintenant, Schubert, que le Vielleux t’attend », la conclusion de Peter Härtling dans son livre sur la vie de Schubert à travers « douze moments musicaux » sonne comme un glas accompagnant la funeste nouvelle : c’est avec « Le voyage d’hiver » que le génie Viennois passe de l’autre côté à 31 ans, il y a 180 ans à quelques jours près. On aurait pu également parler de « La jeune fille et la mort », prémonition peut-être eu égard à la maladie qui l’emporta.
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