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Madagascar : la Grande Île sortira-t-elle de la « Transition » ?

21/01/2013
Le 8 mai prochain, si tout va bien, et à Madagascar c’est déjà du domaine de la science-fiction, la Grande Île devrait normalement sortir de cette situation dite de « Transition » qui dure déjà depuis quatre ans et qui ne devait être, alors, qu’une étape provisoire menant à de nouvelles élections générales.

 

 

Presque un mandat complet

Rappelons qu’au début de l’année 2009, le Président Marc Ravalomanana fut victime d’un coup d’état fomenté par son « ex-dauphin » le jeune maire de Tananarive Andry Rajoelina. Après quelques affrontements qui laissèrent ici et là leur lot de victimes, un gouvernement de transition fut installé, et Andry Rajoelina (ex-disc-jockey) en devint le Président.

Très vite, tous ceux qui avaient mis beaucoup d’espoirs dans le départ du Président Ravalomanana (exilé depuis en Afrique du Sud) et qui avait fait main basse sur de nombreuses activités industrielles et commerciales du pays, durent déchanter. 

Mais n’est-ce pas là le lot de la population malgache depuis des décennies d’être trompée, méprisée et flouée par ceux qu’elle a portés au pouvoir ? Durant quasiment quatre années, presque un mandat complet de président élu, Andry Rajoelina a gouverné sans partage, sans jamais suivre les directives de la feuille de route qui lui avait été imposée, à tel point que très vite les institutions internationales, y compris et surtout l’Union Européenne, ont stoppé toute aide économique, et on parle de plusieurs centaines de millions d’euros.

Aujourd’hui, Madagascar fait partie du gruppetto des pays les plus pauvres de la planète (151ème sur 187 chiffres PNUD 2011), la misère s’est étendue dans quasiment toutes les régions, le manque d’argent est dramatique dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services publics. Ces quatre années passées sous la houlette de cette Transition sans fin auront été le pire cauchemar de la Grande Île depuis peut-être la révolution marxiste de Didier Ratsiraka (aujourd’hui réfugié en France) durant les années 70 et 80.

Faute d’aides étrangères et d’investisseurs sérieux (autres que les pilleurs de bois de rose et minerais rares), petit à petit le pays s’est enfoncé dans une crise qui n’a rien de comparable avec la nôtre, celle-là tue parce que le peuple manque de tout, principalement de nourriture et d’hygiène : 50% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition, 76% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Rappelons que le PIB par habitant n’était que de 467 $ en 2011.

 

Changements ?

L’élection présidentielle a été fixée au 8 mai prochain. Depuis quelques jours, on sait que ni Rajoelina, ni Ravalomanana n’iront devant les électeurs, même si le Président de la Transition actuelle a déjà fait savoir qu’il sera candidat en 2018 : « Je promets au peuple malgache que le jour viendra où nous allons sauver ensemble ce pays », ajoutant la larme à l’œil, « je me sacrifie pour les 22 millions de Malgaches. » Emouvant… mais tellement loin de la réalité : pourquoi n’a-t-il pas tenté, au cours des quatre années qu’il a passées à la tête du gouvernement, de « sauver ce pays » ?

Bien sûr, on se doute que les deux hommes ne resteront pas absents de ce scrutin et qu’ils vont mener une lutte à distance par candidats interposés. Ainsi, on évoque, mais avec beaucoup de réserves, une candidature du numéro 2 du gouvernement, Hajo Andrianarivelo pour le camp Rajoelina, et côté Ravalomanana, on parle de Pierrot Botozaza ou de Mamy Rakotoarivelo, chef de son parti.

A l’heure actuelle, on dénombre environ une vingtaine de candidats, plus ou moins sérieux, ce qui, finalement, par rapport aux trois cents partis politiques présents à Madagascar, n’est pas si illogique. Mais il ne fait aucun doute que d’ici au 8 mai, certains abandonneront la course et que d’autres sortiront du chapeau. Et encore faudrait-il que cette élection présidentielle, pour laquelle la communauté internationale a débloqué quelque 12 millions d’euros, soit effectivement maintenue à la date prévue. On sait que le Président de la Transition, qui reste le chef de l’Etat jusque là, aimerait organiser des élections législatives (prévues en juillet) avant la présidentielle, afin, en substance et d’après lui, de donner une idée réelle de la représentativité de chaque formation au parlement avant d’élire le Président de la République. Certains y voient déjà une manœuvre pour rester encore un peu au pouvoir… Quant aux instances internationales, elles ont déjà fait savoir qu’elles refusaient cette hypothèse. De plus, une telle solution ne ferait qu’ajouter une crise aux crises, et ce au moment où les deux non candidatures évoquées plus avant semblaient apaiser l’environnement.

 

Quid de la France ?

Ancienne colonie devenue indépendante en 1960, la Grande Île fait encore partie – normalement – de la zone d’influence de la France, nous sommes toujours le principal client de Madagascar, malheureusement c’est la Chine qui est devenue le principal fournisseur.  Mais on ne peut imaginer que Paris ne soit pas attentif à ces élections à venir, même si en matière d’affaires étrangères nous sommes actuellement plus occupés ailleurs sur le continent africain. 

En coulisse, il se murmure que trois candidats auraient les faveurs de la France – encore faudra-t-il qu’ils se déclarent officiellement -, il s’agirait de Tantely Andrianarivo, qui fut Premier Ministre du président Didier Ratsiraka de 1998 à 2002, de Pierrot Rajaonarivelo, ex-vice-Premier Ministre de Ratsiraka, exilé en France en 2002 et aujourd’hui Ministre de l’économie de Rajoelina, et de Tabera Randriamanantsoa, actuel Ministre de la fonction publique, du travail et des affaires sociales. Mais peut-être qu’un quatrième homme pourrait encore sortir du chapeau français… ce qui, par ailleurs, n’est pas forcément un gage de succès assuré !

En attendant, Madagascar a besoin d’une véritable politique de développement, une politique qui permettrait de rééquilibrer les régions, peut-être le moyen le plus efficace pour mettre en place une réforme profonde en matière de santé et d’éducation (66% d’analphabètes), mais aussi de développement d’infrastructures routières entre autres, et de productions agricoles exportatrices. Et comment ne pas évoquer le tourisme, à la traîne ici par rapport aux voisins de l’océan Indien, victime il est vrai depuis la France de cette vieille tradition de monopoles aériens ?… 

Le 8 mai, les Malgaches auront la parole, reste à savoir ce qu’ils en feront et même s’ils s’en serviront ?...

 

Jean-Yves Curtaud 

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It’s sad to watch us fall. Logic and common sense go out the window as we chase boogie men and spooky monsters lurking in shdwoas.Meanwhile, corporations bankroll candidates, lobbyists write our laws and the people wonder why things are as bad as they are.
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