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La très forte implantation industrielle à Givors, Annonay, Vienne et Roussillon

05/07/2010
La région Rhône-Alpes a toujours connu aux 19e et 20e siècles un fort développement industriel. Au cœur de cette région, des villes comme Givors, Annonay, Vienne et Roussillon ont vécu cette expansion extraordinaire à des degrés différents, mais le point commun, à l’instar de nombre d’autres régions françaises, est le quasi-anéantissement de ce tissu industriel après les années 50 ou 60.
Petite balade historique à une époque où tout semblait aller pour le mieux…

GIVORS ou la mutation économique
Au 18e siècle, Givors est un village d’environ mille habitants qui vit de l’agriculture principalement. C’est le charbon en provenance de Rive-de-Gier qui fera basculer la cité du côté de l’industrialisation : 5.000 tonnes arrivaient ici chaque année.
En 1749, la Verrerie Royale de Givors inaugure l’ère des usines en ville, elle comptera plus d’une centaine d’ouvriers en 1775. Pays des mariniers du Rhône, la ville profitera de la création du canal la reliant à Rive-de-Gier, puis verra exploser sa démographie avec l’arrivée du chemin de fer en 1826, notamment avec la ligne Lyon-Givors à partir de 1832.
Sidérurgie et métallurgie enrichirent le tissu économique avec, entre autres, la Compagnie des Hauts-Fourneaux et Fonderies de Givors et la Compagnie Five Lille au milieu du 19e siècle, cette dernière embauchait quelque mille salariés en 1910 !
Le 20e siècle verra encore arriver les usines Coignet (fabrique de colle).
C’est bien sûr une situation géographique exceptionnelle qui permit ce développement industriel, près du bassin houiller de la Loire et du fleuve.

ANNONAY pour tanner la peau

L’ardéchoise ne bénéficiait pas des mêmes faveurs géographiques, et pourtant quel essor ! C’est bien sûr la mégisserie ou travail du cuir qui sera le symbole de la prospérité industrielle locale.
Dès la fin du 16e siècle, on dénombrait déjà une trentaine de tanneries du côté d’Annonay, et à la fin du siècle suivant, en 1693, une autre activité débarque en ville, celle de la papeterie avec l’installation ici des frères Montgolfier. Le papier emploiera jusqu’à 1.500 personnes vers 1880, époque ou M. Barou de Canson épouse une fille Montgolfier. La marque Canson restera à jamais attachée à l’histoire de la cité ardéchoise.
Et la mégisserie ? Elle se porte bien, merci pour elle : la demande croissante en gants au 19e siècle produira ses effets ici. Les meilleures peaux viennent d’Annonay, 8 millions d’entre elles furent traitées en 1870, la moitié des ouvriers de la ville travaillaient alors dans les tanneries, quelque 3.000 paysans vinrent renforcer les effectifs des fabriques.
L’industrie mécanique arrivera au 20e siècle, et Canson inventera alors le fameux papier calque. Plus tard, Annonay s’enrichira d’une activité camion avec l’installation de Renault Véhicules Industriels.

VIENNE et son tissu… en drap
Grâce aux eaux de la Gère, la ville de Vienne a vécu de l’industrie drapière durant plus de deux siècles. Une industrie qui fut tout de même précédée au 16e siècle par des forges d’épées et d’ancres, et accompagnée au 19e siècle, suite à l’arrivée de la famille Frèrejean et à l’installation d’un haut-fourneau en 1813, d’une industrie dite lourde.
Mais le drap restera le moteur principal de l’économie locale. En 1848, l’industrie du drap fournissait du travail à quelque 4.000 ouvriers, sur une population totale de 13.000 habitants ! Il faut dire que l’invention du drap « Renaissance » ou toile à soldat ne fut pas étrangère à cette expansion. D’ailleurs, durant la première Guerre Mondiale, Vienne assurait le quart de la production française en drap de troupes.
Cette forte population ouvrière fut aussi synonyme de luttes sociales, à l’instar de ce 1er Mai 1890 où les affrontements avec la police firent de nombreux blessés, la ville sera en état de siège jusqu’au 6 Mai : drapeaux rouges et noirs défilèrent en ville après la visite dans la région de Louise Michel et quelques anarchistes.
Après la seconde Guerre Mondiale, l’industrie textile décline très vite, notamment à cause de la concurrence étrangère, et peut-être du non renouvellement du matériel : de 7.200 ouvriers en 1935, on passera à 3.300 en 1955, et ils ne sont plus que 700 à travailler dans le textile en 1974. La dernière usine fermera ses portes en 1987.

ROUSSILLON et la chimie
L’histoire industrielle de cette petite ville iséroise de la Vallée du Rhône est indéniablement liée à l’essor de l’industrie chimique du 20e siècle, et aussi liée à l’histoire d’une grande aventure Rhône-Poulenc, entreprise créée en 1928 et disparue en 2004, et dont les secteurs d’activités étaient la chimie et l’industrie pharmaceutique. On parlait souvent ici des aspirines du Rhône !
En fait, tout débute en 1915 avec l’installation de la Société Chimique des Usines du Rhône qui deviendra Rhône-Poulenc. En 1922, plus de mille personnes y travaillaient, le pic de l’expansion des usines chimiques et filature de rayonne acétate se situera durant les années 50 : on dénombre près de 5.000 salariés « à la Rhodia ».
On connaît la suite, à l’instar de Givors, Annonay et Vienne, Roussillon perdra petit à petit sa richesse industrielle.
Pour info, une exposition est présentée jusqu’au 31 mai 2010 au Musée de la Viscose à Echirolles sur les cantonnements situés « derrière l’usine », loin des cités ouvrières de Roussillon.
 

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