Heureusement que notre Président est parti au combat pour bouter l’islamiste hors de Bamako, comme l’aurait d’ailleurs fait Sarkozy sous les protestations de son opposition, mais ici c’est citoyen, républicain et dans le souffle de Jaurès, car faute de frappes on devrait encore se payer en boucle les aventures du scooter à Gégé au Monténégro ou le cauchemar de la rafle d’Ustaritz quand les forces de l’ordre évacuent « manu militari » (l’expression du papa) une dangereuse terroriste (basque sans doute ?) de cinq ans qui finissait ses nouilles au beurre à la cantine. Là on a allègrement enjambé le Rubicon de la stupidité et du voyeurisme à deux balles (ou 170 euros, montant de la dette), chacun venant devant les caméras et micros exprimer sa révolte, associations de parents d’élèves, syndicat de policiers municipaux, Dominique Baudis le Défenseur des Enfants, Vincent Peillon qui a recadré la Nation en demandant « aux Français d’éviter ce genre de choses » (une phrase qui restera dans les tablettes de l’Histoire au même titre que « je vais le disperser façon puzzle ! »), il n’a manqué que la réaction d’Obama, de l’empereur, sa femme et le petit prince qui, on le sait, viendront lundi matin nous serrer la pince. Tout ça pour une fillette reconduite chez sa mère par une policière municipale.
On aurait aimé un même hommage médiatique envers cette femme de soixante ans qui s’est fait égorger samedi matin en revenant de son marché par un déséquilibré. Mais bon, c’est moins « vendeur » dans le genre pleurnicheries et politiquement correct. A n’en pas douter, d’ici à quelques mois nous aurons le livre et le film de l’histoire d’Ustaritz !
Heureusement donc que notre « Normalité » a décrété la mobilisation générale, car cela nous a également évité les heures de reportages sur Marseille capitale de la culture, un truc qui fait même rire les Marseillais. La culture de quoi, du cannabis dans les quartiers nord ? Au lieu d’être obligés d’admirer un jet d’eau célébrant l’événement planétaire et phocéen, nous nous retrouvons avec une carte du Mali en permanence sur nos écrans, une carte avec en détail toutes les villes du pays, les routes, les arrêts de bus… des fois qu’on voudrait s’y rendre pour nos prochaines vacances.
Finalement, l’actualité ne nous laisse jamais sur notre faim, ça bouge, c’est en couleur, ça nous fait voyager gratis, alors comme le disait si bien l’ami Gilbert Bécaud, « Quand Jules est au violon et Léon à l’accordéon, faudrait avoir deux jambes de bois pour ne pas danser la polka ! »
LE CHRONIQUEUR