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« Moi monsieur j’ai fait la colo, Dakar, Conakry, Bamako…

04/02/2013

Moi monsieur j’ai eu la belle vie, au temps béni des colonies ». Michel Sardou chantait ce temps pas si lointain où la France maltraitait une partie de la planète, un temps où il n’y avait plus de guerres tribales, plus de famine, plus de maladies pandémiques, c’était juste avant qu’elle s’en aille en laissant sur place tout ce qu’elle avait construit et apporté. Entre l’anisette et l’apéritif, nous nous conduisions comme des sauvages, c’est bien connu. Et c’est pour cela que notre Président Normal avait promis durant sa campagne électorale que nous ne mettrions plus jamais le pied en Afrique pour une quelconque intervention, même avec des pistolets à bouchon. La France-Afrique avait vécu, vive le petit père des peuples !

Mais voilà, les ennuis à la maison n’en finissant plus, peut-être à cause d’une overdose de mensonges, il a fallu se résigner à souder la nation, non pas au chalumeau mais au calumet de la paix allumé au cul des Rafale et Mirage 2000 (2013 ?) qui devaient venir à bout d’une colonne de trente pick-up au milieu de rien du tout. La guerre a du bon de ce côté-là, le bleu-blanc-rouge fait toujours recette, y compris chez les pacifistes professionnels un peu obligés cette fois-ci de signer un engagement dans le corps expéditionnaire du général La Corrézienne.

Et l’apothéose de cette troisième guerre mondiale en gestation fut atteinte ce week-end dernier avec le retour du général de Gaulle sur ses terres : « Bamako outragé ! Bamako brisé ! Bamako martyrisé ! Mais Bamako libéré ! »

Sortez les décamètres, on va mesurer la démesure. Il paraît que nous aurions même, d’après sa Normalité, « payé notre dette ». Le long de la RN7 qui traverse le fleuve Niger pour passer devant l’ambassade de France, les drapeaux français, sans doute amenés avec le barda de nos troupes en prévision d’une visite surprise du Généralissime, virevoltaient comme à un sommet de Bujumbura de 1984 avec le Carrefour du Développement au service facturation !

Emporté par tant de spontanéité, notre Président promettait alors l’aide de la France pour le développement des services publics (pas chez nous mais au Mali), la présence continue de la France (aussi longtemps qu’il faudra paraît-il !), l’amour de la France, ajoutant en bonus qu’il venait de vivre la journée la plus importante de sa vie politique, façon élégante de dire aux Français combien il était touché d’avoir été élu Président du Mali… pardon, de la France !  D’un coup, les vents porteurs d’espoirs en mai dernier se sont mis à se dégonfler comme des pneus GoodYear d’Amiens !

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