« Un gouvernement nouveau-né a besoin d’éblouir et d’étonner. Dès qu’il ne jette plus d’éclat, il tombe » dit Bonaparte le 19 Brumaire. Notre gouvernement actuel va-t-il tomber pour absence totale d’éclat ? Ceux qui ont commandé des mitrailleuses il y a un an se sont fait livrer des sifflets, et pour leur plus grand malheur, c’est désormais la rue qui les utilise. La rue et la gauche de la gauche emmenée par son technicien de surface en chef, Jean-Luc Mélenchon.
« Nous partîmes dix mille et nous nous vîmes cent mille en arrivant au port », la tragédie est en route, la catéchisation des déçus du « changement maintenant » passe par des stages pédestres de révolution à deux balles. Si la difficulté attire l’homme de caractère car, dit-on, c’est en l’étreignant qu’il se révèle à lui-même, il n’en va pas de même pour les séditieux de la révolte low cost, ceux qui pensent qu’il suffit de brûler le capitalisme comme relaps pour remettre tout en état de marche dans le pays, en gros ne rien changer, comme si de rien n’était.
Ne nous y trompons pas, les balayeurs du dimanche n’ont rien des ventres vides que l’on essaie de nous décrire comme pour accréditer l’idée d’un Paris se soulevant pour plus de justice et de pain. Mélenchon continuera à nous rebattre les oreilles avec son assemblée constituante aux pouvoirs dignes d’un Houdini, les plus énervés exigeront bientôt un bourreau et une guillotine à l’instar des condottieri du congrès de Valence en 1981, mais ils ne changeront pas l’évidence, la France n’est pas seule à décider.
Bien sûr, les frontistes de gauche peuvent annoncer quelque pronunciamento pan-marxisant avec Mélenchon en Kronprinz, mais la ficelle est trop grosse vue d’ici : ce Président et ce gouvernement ont été installés par les marcheurs de Bastille à Nation (avec changement à Solferino) du 5 mai, par ceux qui ont tenu laïus devant micros et caméras ce même dimanche, alors on a envie de leur dire, faites avec ce pouvoir, buvez le persicot jusqu’à la lie, et si votre héros d’antan le sieur Ayrault n’est que le héraut d’un pouvoir né sur des mensonges, laissez-moi vous envoyer un plénipotentiaire qui vous fera savoir que je me suis retiré sur mon Aventin afin de m’éloigner de cette logomachie qui ne concerne que vous.
Abyssus abyssum invocat…et c’est là que vos pas risquent de nous mener. Ce sera sans moi.
LE CHRONIQUEUR