On ne meurt pas pour des idées à dix-huit ans dans une démocratie comme la France. Il y a forcément autre chose. Et contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire depuis le décès de Clément Méric, jeune militant d’extrême gauche, il ne s’agit pas d’un assassinat prémédité, ou au moins qui était prévisible dans un climat de violence perpétrée par le camp d’en face, il s’agit d’une bagarre entre groupuscules ennemis, comme il en existe depuis bientôt cinquante ans, notamment à Paris. Ils se sont rencontrés par hasard rue Caumartin, les insultes ont précédé les coups, l’un d’eux fut mortel, il aurait pu tuer dans n’importe quel camp.
Ces groupuscules d’extrême droite et d’extrême gauche sont tous en marge des partis, en marge même de la société puisqu’ils en contestent les fondements actuels. Les uns ont pour héros Hitler et pour patrie le Reich, les autres se réclament de Staline, de Pol Pot, de Mao, là encore une belle brochette de démocrates, et leur modèle doit se situer entre la Corée du Nord et… la Corée du Nord.
Le plus navrant vient de cette tentative de récupération politique de certains. Hidalgo et Kosciusko-Morizet ont vite fait demi tour sous la menace des sympathisants d’extrême gauche réunis à Saint-Lazare. Mais d’autres ont quasiment vanté les louanges de ces pauvres victimes d’extrême gauche. On aurait aimé moins d’empathie de la part de quelques responsables de partis ayant pignon sur rue.
Alors une question revient en boucle depuis ce triste décès : faut-il interdire ces groupuscules ? Oui, s’ils s’avèrent dangereux, notamment pour eux-mêmes, et les interdire tous, d’extrême droite comme d’extrême gauche. Car entre prophètes de Hitler ou de Pol Pot, on ne fera pas de différence. Pour mémoire, on peut rappeler que les groupuscules les plus violents en Europe, avaient pour nom Action Directe en France, Fraction Armée Rouge en Allemagne, Brigades Rouges en Italie, Cellules Communistes Combattantes en Belgique, tous étaient des groupes d’action révolutionnaire d’extrême gauche, on leur doit plus d’une centaine d’attentats et quelques dizaines de morts durant ces « années de plomb ». On se souviendra au passage, que François Mitterrand amnistia les terroristes d’Action Directe en 1981, et que très vite ceux-ci reprirent du service.
Pour mieux connaître les arcanes de ces mouvances, je ne saurais trop vous conseiller le livre de Stéphane Osmont, « Eléments incontrôlés » paru chez Grasset en décembre dernier.
LE CHRONIQUEUR