Il y a deux ou trois semaines, s'il m'en souvient, c'était un peu de mauvais goût en pleine Semaine du Goût, le ministère de l'Environnement, celui où on a mis un Vert à pied (débarqué d'un Batho) il y a peu, dévoilait une enquête dont le but, apparemment, était de nous tirer la honte : chaque Français consommerait douze tonnes de matières premières par an, énorme donc, mais quand même deux fois moins que les gros Américains, et quatre fois moins que les lointains Australiens qui, à force de manger tout et n'importe quoi, finiront par alourdir considérablement leur continent. Ils auront l'air malin quand ils se retrouveront avec de l'eau à mi-mollet. Mais revenons chez nous, où la Mimolette est elle aussi une matière première qui pousse dans les champs de vaches.
Il faut savoir que dans ces douze tonnes de matières premières, il y a certes de l'alimentation, mais aussi des matériaux de construction, du pétrole, des coques et de la coke, plus le reste de votre chariot à l'hyper... Douze tonnes, ça fait trente trois kilos par jour, et franchement, après avoir tout pesé hier, j'en étais loin. Voilà qui me rassure, c'est donc uniquement à cause des autres que je vais derechef dénoncer au bureau des dénonciations citoyennes et durables, une sorte de Kommandantur qui reçoit les lettres anonymes non signées. Ne souriez pas, l'heure est grave, car à l'autre bout de la chaîne qui servira à attacher les coupables, l'étude nous apprend que nous rejetons 5,5 tonnes de ces mêmes matières premières par an, et je vous ferai grâce du détail, tout ne part pas en co², malus écologique ou pas, il faudra aussi se rendre au fond à gauche...
Et c'est inquiétant, car c'est notre planète qui s'alourdit petit à petit, d'autant que nous sommes 300 à naître par minute, contre 150 à mourir. Si l'on considère qu'elle pèse actuellement six mille quadrillons de kilos ou six gigas yottagrammes d'après la troisième loi de Képler - et là je constate que ça vous épate ! -, subséquemment, il serait judicieux que l'on fît maigre un jour, au moins pour Mardi Gras, au mieux que l'on se décidât à sucer des rambours au lieu de chercher la franche lippée à portée de ventre. En fait, l'idéal pour la planète, serait le menu subliminal servi à la manière d'un gourmet parodiant Scaron parodiant Virgile : "J'aperçus l'ombre d'un cuisinier, qui tenant l'ombre d'une cocotte, allumait l'ombre d'un fourneau..."
LE CHRONIQUEUR