Au plat du jour de la réglementation, obligation est faite aux restaurateurs de signaler l’utilisation de produits frais sur leur carte. On a l’impression d’inventer l’eau tiède, mais voilà quand même une bonne nouvelle, même si cela ne changera rien au fond de notre assiette. En clair, il serait bien que le consommateur-payeur connaisse, non pas le temps de cuisson, mais au moins son mode : le fameux et désormais national filet de colin avec sa sauce et son brin de ciboulette proposé à midi dans la moitié des « restaurants-brasseries-bistrots-cafés du coin » vient-il directement de la mer ou d’un paquet de dix déniché chez l’un des quatre ou cinq grossistes alimentaires fournisseurs de plats industriels et surgelés, à savoir Métro, Transgourmet et autres Brake… et en gros acheté 2,00 € et proposé entre 9 et 15 € à la carte ? Et le colin n’est pas le poisson qui cache la forêt. Il en va de même pour la choucroute maison acheté en bidon de dix litres, le hachis à ce que vous voulez, et les compères du dessert maison, la tarte au citron meringuée et le moelleux au chocolat qui ont pris le même « Métro » pour venir sur la table. Entendons-nous bien, ces produits ne sont pas forcément mauvais, le client a juste le droit de savoir où ils ont été préparés.
En 2007, le label « Maître Restaurateur » a été créé pour marquer cette différence essentielle entre une cuisine faite avec des produits frais et une cuisine surgelée préparée au micro-ondes. Quatre ans plus tard, moins de deux mille établissements sont fédérés sous ce label. La faute à qui ? Peut-être au chèque-restaurant qui a suscité cette manne providentielle du déjeuner « qui coûte pas cher », une manne dont le moindre bistrot qui n’a jamais été un restaurant veut sa part. Mais puisque le consommateur ne se plaint pas, pourquoi se casser la tête ?
Et si la culbute ne suffit pas, on va lui fourguer un pot de 46 cl de rosé glacé et dégueulasse à 13 € (ce qui fait le litre à quasi 30 € !), et là, eu égard au prix du mauvais vin en vrac, le multiplicateur se fera par vingt ou trente.
Au fait, il paraît que la TVA est passée de 19,6 à 5,5. Qui en a profité ? Sûrement pas le client que certains « chauffe-gamelle » font mariner dans un jus issu de l’industrie qui arrive sur votre table parfois cinq minutes seulement après votre commande.
Allez, deux cafés (à 3,00 € l’un) et l’addition !
(14/10/2011)
LE CHRONIQUEUR