« Il n’y a pas de démocratie sans médias libres » confiait récemment au « Parisien » Jean-Luc Mélenchon, le stakhanoviste de la provocation, expliquant qu’il faut des « coopératives comme nouveau modèle de société de presse », sortes de kolkhozes où l’on formerait les futurs lèche-bottes de la nouvelle nomenklatura, en rappelant son intention de créer un « Conseil national des médias composé d’élus, de professionnels et de citoyens usagers pour réguler et responsabiliser le secteur. »
En gros, les premières lignes de cette chronique auraient déjà été censurées à la sauce Mélenchon, et leur auteur invité fermement à ne pas se disperser intellectuellement, faute de quoi on pourrait, après lui avoir retiré son stylo, sa ceinture et ses lacets, l’envoyer dans un camp d’instruction citoyenne durant une dizaine d’années afin de lui apprendre la véritable déontologie du temps béni de la Pravda. Et quand on sait comment le monsieur traite les journalistes, on comprend qu’il ne plaisante pas avec le sujet.
Mais bon, la presse l’a peut-être aussi bien cherché. Rappelez-vous un certain Dominique dont les médias vantaient unanimement l’intelligence et l’expérience internationale. Aujourd’hui, les grands spécialistes de la chose politique qui squattent télés, radios et éditos de la presse parisienne nous chantent en chœur : « Et dire qu’on allait en faire un Président de la République ! » Mais qui l’a fait ainsi ? Pas le peuple, les médias. Tout comme ils nous ont vendu Eva Joly, présentée comme la star du vote recyclé, l’Eva Peron du compostage, la diva des verts à pied… et patatra, ces mêmes analyseurs patentés nous disent qu’elle n’ira peut-être pas jusqu’au bout parce qu’elle ne décolle pas dans les sondages. Mais entre nous, ce n’est pas elle qui change d’avis chaque matin, depuis le début son discours est clair : sortie totale du nucléaire, et non pas 10, 20 ou 25 réacteurs arrêtés parce qu’il faut bien lâcher quelque chose…
Je vous vois venir, vous allez rétorquer que Mélenchon a raison de réclamer des « médias libres ». Pas si vite ! Car c’est justement parce qu’ils sont libres qu’ils peuvent faire et défaire les notoriétés… y compris celle de Mélenchon qui va nous pondre un piteux 3% mais qui parle comme un type à 30%... un futur ministre quoi !
(2/12/2011)
LE CHRONIQUEUR