La farce est amusante, mais elle ne fait rire personne. Un ministre, issu du gouvernement qui bataille depuis bientôt deux ans pour flinguer l’automobile, du moins celle qui fait rêver et synonyme de plaisir, en instaurant du bonus pour l’achat des plus petits modèles qui ne laissent que peu de marges, et du malus pour les plus grosses, celles qui font vivre les constructeurs, les distributeurs et toute la filière, ainsi que l’Etat par le biais de TVA conséquentes… un ministre donc vient remonter les bretelles du boss de Renault afin qu’il ne fabrique pas sa Clio en Turquie, là où la main d’œuvre est bon marché. Bien sûr, c’est mieux à Flins, en France, mais ce n’est pas possible dit-on : une Clio montée en Turquie c’est 1.400 € économisés, de plus l’usine de Flins doit servir à fabriquer, à partir de 2012, Zoé, la voiture électrique pour laquelle l’Etat a d’ailleurs déjà bien donné à Renault, et pour rien, car l’auto ne se vendra pas, hormis peut-être à quelques administrations. Et comme ça, chez Renault on aura un vrai prétexte pour fermer Flins. Circulez, y’a rien à voir !
D’ailleurs, Clio, Twingo, 107 et autres Logan, les best-sellers nationaux, sont déjà assemblés en Europe de l’Est, le ministre Estrosi, ancien champion de moto, doit le savoir. Et voilà bien une spécialité franco-française. On peut rappeler que nos voisins allemands ont su conserver leurs usines de montage, au pire déplacées en ex-RDA. Mais il faut aussi dire que les constructeurs germaniques ne se laissent pas dicter la marche à suivre par le gouvernement, comme en France où l’ordre a été donné de faire « de petites autos pour de petits Français » !
Pourtant, le résultat est le même : 108 g/km de CO² pour une petite 107, 109 g/km de CO² pour une BMW 320d de 163 chevaux. Cherchez l’erreur. Mais heureusement, la bagnole à pile de Madame Ségo arrivera peut-être de Poitou Charentes pour sauver l’industrie automobile… enfin, après trois jours de recharge et beaucoup de retard à l’allumage.
LE CHRONIQUEUR