« La France doit être forte pour pouvoir s’insérer dans une organisation européenne sans y perdre son âme. Je dis bien une France forte : sans le nombre, sans la capacité économique, sans la volonté politique, l’organisation de l’Europe ne sera pour la France que duperie et humiliation. »
Qu’avons-nous appris depuis ces propos, non pas tenus lors d’un récent meeting du candidat de la « France Forte », mais écrit par Michel Debré, le père de notre Constitution, le premier Premier Ministre du Général de Gaulle, qui en 1979, juste avant la première élection du parlement européen au suffrage universel, évoquait cette «France forte » dans son livre « Français choisissons l’espoir » (Albin Michel) ?
Qu’avons-nous appris aux générations qui ont grandi depuis ? Que tout est acquis d’avance, logiquement, facilement, qu’il suffit d’appuyer sur un bouton ou de pousser un curseur pour que les choses s’arrangent ?
Pourtant Michel Debré était clair « sur la capacité économique et la volonté politique », moteurs essentiels pour une Europe apte à répondre aux défis d’aujourd’hui, une Europe qui doit faire face aux irresponsabilités de certains états qui refilent leurs dettes à la collectivité.
« Capacité économique, volonté politique », trente trois ans après ces mots doivent résonner dans nos têtes et devraient raisonner les tenants d’un creusement des déficits au nom de politiques sociales hasardeuses.
« La fatalité n’existe pas, la fatalité c’est la politique », de Gaulle citait Napoléon pour justifier son refus de baisser les bras devant cette « fatalité » qu’il nous faut subir face aux événements imprévisibles, ce qui fit un jour dire à François Mitterrand, en 1964, « je ne pense pas que de Gaulle soit fondamentalement un tyran, mais objectivement sur le plan historique, c’est lui qui porte la responsabilité principale de la naissance d’une dictature. » Les mots parfois vous échappent…
En 1979, Michel Debré nous mettait en garde face à ce nouveau défi européen que nous devions aborder forts économiquement, trois ans plus tard, le même Mitterrand créait le Carnet de Change qui bouclait quasiment les Français dans leur pays, et ce, ironie du calendrier, pile trois siècles après que Louis XIV eut interdit à son peuple, en juillet 1682, de quitter la France sans en avoir obtenu l’autorisation.
Voilà comment finissent les politiques de dépenses mal évaluées, dépenses qui nous fragilisent encore davantage dans un monde totalement ouvert, ce qu’il n’était pas à l’époque de Michel Debré. Bien sûr, on pourra toujours vendre un peu d’argenterie au Qatar, mais ça ne paiera sûrement pas la note chez l’épicier du coin…
LE CHRONIQUEUR