Un Grand Commis chasse l’autre : après les exploits épiques de Clio 4 destinée à être assemblée chez le Grand Vizir d’un ex-empire « automan », et ce par la volonté de Carlos Goshn, contremaître à Flins, on est passé sans même se changer à ceux d’un autre Grand Commis de l’Etat, Henri Proglio, patron d’EDF qui, pour boucler ses fins de mois à un peu plus de cent mille euros, avait décroché un stage chez Véolia rémunéré au Smic des Grands Commis, aux alentours de 400.000 euros/an : « une offense » pour François Bayrou qui, c’est vrai, ne savait pas que des choses pareilles pouvaient arriver en notre République. Devant le tollé général, l’électricien a donc enclenché la marche arrière de la C6 avec chauffeur pour se contenter de son modeste cachet de 1,6 million d’euros. Une misère ! Et le même jour, on apprenait qu’un autre Grand Commis de l’Etat, Loïc Le Floch-Prigent, ex-patron d’ELF et de la SNCF, allait repasser par la case prison du « jeu de loi ».
En fait, Grand Commis de l’Etat, c’est un truc où vous ne mettrez jamais les pieds, c’est une sorte de réserve où broutent de grands hommes sur de l’herbe très (très) grasse. Parfois, ce sont des politiques qui redeviennent Grand Commis de l’Etat, à l’instar du Président de la Cour des Comptes récemment décédé. Bien sûr, il y a une hiérarchie dans le job, c’est d’ailleurs aux centaines de mètres carrés attribuées pour loger (gratuitement et au cœur de la capitale) le Grand Commis qu’on la définit.
Enfin, vous remarquerez que la congratulation mutuelle et réciproque est aux Grands Commis ce que l’hirondelle est au printemps : « On place ses éloges comme on place de l’argent, pour qu’ils nous soient rendus avec les intérêts » écrivit Jules Renard. Là, je dirais pour faire un bon mot, que le fromage ne se partage qu’entre les détenteurs d’un badge d’accès au quartier VIP…
LE CHRONIQUEUR