Un territoire tout en longueur grand comme la France et la Belgique pour un peu plus de 18 millions d’habitants, des paysages d’une rare diversité proposant des plages interminables, des rizières, des montagnes (ici on culmine à 2.886 mètres sans jamais voir la neige !), la brousse ou la savane, les forêts de baobabs, une richesse exceptionnelle de l’agriculture aux mines de diamants, et pourtant un tourisme quasiment en berne sur cette île-continent de l’Océan Indien détachée du Sud-Est de l’Afrique au large du Mozambique. Madagascar navigue en pleine décroissance car personne ne tient la barre au milieu des vagues de contestation et changements de pouvoir, en fait ce bateau ivre ne semble intéresser personne, y compris la France pourtant historiquement présente ici… du moins jusqu’à l’indépendance de juin 1960.
« Et de quoi vous plaindriez-vous ? Vous n’aurez que le ciel et les sables ? Le ciel et les sables sont grands. » Dans « Les fruits du Congo », Alexandre Vialatte résumait en une seule phrase ce mystère que le continent africain inspirait aux Français durant la première moitié du 20e siècle, et bien davantage encore avant. Cette beauté foudroyante des vastitudes habillées d’or, territoires de savanes autant cruelles que magiques, des déserts éblouissants et envoûtants grillés par le soleil, des fruits et saveurs inconnus, une faune sauvage, des minerais rares, et ces villages où, ne l’oublions pas, nous avons puisé cette chair à canons dont nous avions besoin lors de nos guerres dites mondiales.
Mais loin de ces clichés, l’Afrique fut également, suite à différentes phases de colonisation, la nouvelle patrie de centaines de milliers de Français (de millions si on compte l’Afrique du Nord) dont beaucoup n’auraient jamais envisagé un retour à la case départ. Pourtant, entre 1958 et 1960, et un peu plus tard pour l’Algérie, il fallut se rendre à l’évidence : l’Empire français ne serait désormais qu’un épisode terminé de l’Histoire de France.