Le comité d’entreprise d’EDF coûte plus cher au contribuable que le bouclier fiscal
Au fait, puisqu’on en est aux banalités, savez-vous que le comité d’entreprise d’EDF, grassement approvisionné avec le 1% du montant de nos factures (environ 900 millions), coûte plus cher au contribuable que le bouclier fiscal, et que les 2,5 milliards que ce même contribuable met de sa poche chaque année en subvention d’équilibre pour renflouer la caisse de retraite des cheminots, représentent près de quatre fois ce même bouclier fiscal ?
« Il faut peser sur le pays » prévenait le 7 octobre sur France Inter Didier Le Reste, le patron de la CGT des cheminots, ce même syndicaliste qui avouait en mai dernier ne toucher que 2.300 euros nets de retraite. On a pleuré dans les chaumières, surtout là où on ne gagnera jamais cette somme en travaillant. « Il est où le privilège ? » ajoutait le cégétiste en cravate. Sous nos yeux. Quand on cotise 30 ans pour recevoir une retraite de plus de 2000 euros alors que des millions de salariés cotisent plus de 40 ans pour à peine 1000 euros, on appellera ça un régime spécial.
« Il faut peser sur le pays » disait-il. C’est fait : combien de journées de travail perdues, de rendez-vous manqués, de contrats annulés, de déplacements professionnels reportés à cause d’une poignée de grévistes qui peuvent s’enorgueillir de posséder le bouton marche-arrêt du pays ? Bien sûr, le droit de grève est inaliénable, mais celui de circuler et de travailler également. Et on ne parlera pas des dockers de Marseille qui sont en train de tuer un port (déjà à la 70e place mondiale), des enseignants, des dépôts de carburant et des autres services publics souvent non concernés par cette réforme ou qui bénéficient déjà des meilleures conditions de retraite. Les Français sont une fois de plus pris en otage parce que les syndicats défendent leur assiette au beurre, c’est-à-dire les salariés du Public, les seules troupes qu’il leur reste.
De la politique
Depuis longtemps, les syndicats qui sont membres du COR (Comité d’Orientation des Retraites) ont accès aux chiffres explosifs pointant les déficits abyssaux à venir pour le régime par répartition. Tout comme les élus, donc aussi ceux du Parti Socialiste. Chacun sait que de 40% de la vie d’un homme consacrée au travail au début du 20è siècle nous sommes passés à 10% en 2000, chacun sait que nos enfants vivront 100.000 heures de plus que nous, chacun sait que de cinq cotisants pour un pensionné au moment de la création du système par répartition au sortir de la guerre nous serons d’ici à quelques années à un pour un, chacun sait tout cela parmi ceux qui se disent responsables, politiques, syndicalistes, journalistes, économistes, sociologues… et pourtant quelle négation lorsqu’il s’agit avant tout de s’opposer à Sarkozy l’usurpateur.
« Je leur demande de descendre dans la rue » implorait Ségolène Royal en s’adressant aux jeunes. Allez donc faire le sale boulot pour nous, allez vous frotter avec la police. C’est pitoyable ! On se fout de l’avenir de Sarkozy et de sa réélection ou pas, on se fout du bonneteau de Martine Aubry et son « il est où mon programme, chapeau de gauche, chapeau de droite… » on se fout de ces nostalgiques de la lutte des classes qui pensent tenir enfin le Grand Soir… l’important n’est-il pas de sauver un système qui est en train de s’écrouler, au même titre d’ailleurs que notre Sécurité Sociale qui va se payer cette année un déficit de 23 milliards. La seule réalité qui existe, valable pour les retraites et la protection sociale, c’est que nous ne travaillons pas assez et que nous vivons trop vieux. C’est comme ça, il ne s’agit même plus de statistiques mais de constatations chiffrées que tout le monde devrait comprendre.
Un retraité ne crée pas forcément un emploi
En 1982, le gouvernement de Pierre Mauroy a fait voter la retraite à 60 ans. En une fois, sans véritable calcul sur les conséquences financières futures, il s’agissait d’une promesse électorale, un truc pour se faire élire. Nous sommes donc passés de 65 à 60 ans. En 1991, Michel Rocard publiait un « livre blanc » sur les retraites, pointant les déficits et les inégalités public-privé. Il s’agissait alors de mettre en place des mécanismes qui pouvaient s’adapter aux circonstances du moment comme la fusion des caisses, l’ouverture à la capitalisation, l’allongement de la durée de cotisation, la suppression des régimes spéciaux… Edith Cresson Premier Ministre enterrera ce livre blanc.
Dix-neuf ans plus tard, toutes les inquiétudes d’alors se sont avérées justes, eh bien non, il ne faut rien changer : effet babyboom, allongement de la durée de vie, baisse de la natalité (depuis la création du système), pensions plus élevées, démarrage plus tardif dans la vie active… même pas peur ! L’exception française règlera ça comme d’habitude, on fera du déficit, puis des changements de majorité avec encore des déficits, des grèves, des déficits, des créations massives d’emplois publics et des déficits. Il est vrai que lorsque 90% des grévistes n’ont pas à se soucier d’où vient l’argent de leur salaire, tout comme les responsables syndicaux et les élus qui attendent embusqués, les déficits ne sont que des chiffres, et de l’argent que l’on prendra de force dans la poche du contribuable, en tuant au passage quelques centaines de milliers d’emplois du secteur privé. Mais que diable, n’est-on pas en train de réinventer l’Union Soviétique, ici en France ?
Quant à l’argument qui consiste à dire qu’un salarié qui part en retraite c’est un emploi qui se libère pour un jeune, il est assez simpliste. La passerelle n’est pas aussi directe, et pour le démontrer on peut revenir à l’exemple de 1982 et l’âge de la retraite qui passe d’un coup de 65 à 60 ans : quelques années plus tard, le chômage n’avait jamais été aussi élevé en France.
De l’expansion
Il est peut-être temps de sortir de cette logique du gâteau à partager qui ne grossit jamais et donc de parts de plus en plus petites. Il faut savoir détruire pour reconstruire. Notre incapacité à créer une véritable croissance a deux causes majeures : un secteur public pléthorique qui plombe nos finances, et des transferts sociaux colossaux qui ne correspondent plus depuis longtemps à notre capacité de financement, impliquant des augmentations de prélèvements et d’impôts, locaux notamment. Tous les pays qui s’en sont sortis sont passés par cette « casse » à ces deux niveaux. Le moment sera difficile à vivre pour tout le monde, mais existe-t-il un autre choix, hormis bien sûr les promesses électorales à deux balles qui font voter les gens avec leur ventre ?
Continuons à ne rien vouloir comprendre et à ne rien faire et d’ici à vingt ans, le seul avenir des jeunes sera d’aller « se vendre » en Chine (ou ailleurs, là où il y aura du cash) pour des boulots que les Chinois ne voudront plus faire. Car la mondialisation qui a tout bouleversé n’est pas du fait de Sarkozy, elle est là et nous n’y pouvons rien sauf à nous adapter. Quand on est dans le rouge partout, et de manière conséquente, 150 milliards de déficit budgétaire (23 milliards à la santé, 30 milliards aux retraites), rien ne laisse prédire une amélioration sans réformes drastiques. Et comment ferons-nous dans deux ans, trois ans, cinq ans, que ce soit la gauche ou la droite au pouvoir, si nous en sommes à 300 ou 400 milliards de déficit, c’est-à-dire la porte ouverte aux mille milliards dans dix ans ? Vous en doutez, alors souvenez-vous qu’on a pu passer de 30 milliards de francs à 150 milliards d’euros en dix ans.
« Tous ensemble, tous ensemble ! », ils tapent sur des tambours pour annoncer quoi ? Que tout le monde s’en mordra les doigts et pour longtemps d’avoir tenu le bitume à l’automne 2010 pour n’avoir pas eu le courage d’accepter l’inéluctable, en se défaussant sur un stupide slogan genre « y’en a marre de Sarkozy ! ». Comme si c’était lui le responsable du vieillissement de la population.
LE CHRONIQUEUR
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