« L’Irlande m’a épuisé. Elle m’a trop demandé l’Irlande. Elle a trop exigé de moi, j’en ai marre de notre drapeau, de nos héros, de nos martyrs. Je ne veux plus m’éreinter à en être dingue. » Dans la famille Meehan, depuis Malacky le grand-père, et Patraig le père, on vit et on meure pour sa terre. Du moins, pour son pays et sa foi, car de terre on n’en possède pas. Ici, on arrive au monde pauvre, on survit pauvre, et on retourne à cette terre comme un miséreux, au mieux un héros si on a bien tué.
Mais ce combat contre celui que l’on nomme l’occupant, le Britannique, ruine des générations de Meehan et autres familles.
Tyrone Meehan, personnage central de ce Retour à Killybegs, n’a pas accepté immédiatement les propos de son frère Séanna prononcés entre les murs d’une prison où tous deux ont fait de multiples séjours. Quitter cette violence inutile, arrêter ce combat « d’un moustique qui tourne autour d’un lion ». Mais Tyrone va devoir changer de vie, par force, il va travailler avec l’ennemi, devenant par là même un ennemi chez lui. Tout le monde lui tournera le dos, l’IRA, ses proches, même les Britanniques à qui il ne sert plus à rien au moment des accords gouvernementaux qui mettent fin aux combats. Il va donc s’en retourner chez lui, à Killybegs, afin d’y attendre le baiser de la mort…
Un beau roman que l’on dit en course pour le Goncourt.
LE CHRONIQUEUR
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