Robert Laffont éditeur par Robert Laffont aux éditions Robert Laffont. Le décor en forme de triptyque est planté, place à la pièce… pièce maîtresse du monde de l’édition de l’Après-Guerre. Une aventure qui d’ailleurs débute à Marseille durant l’Occupation côté zone libre, du moins au début. Robert Laffont a 24 ans en 1940, et semble déjà bien installé professionnellement : « J’avais tout fait trop tôt et je me sentais vieux. Je m’étais laissé glisser sans jamais rien choisir véritablement. »
Situation en poche, marié avec un enfant, je jeune homme avait des envies d’autre chose. Et ce serait cinéma ou édition. Ce fut l’édition, d’abord à Marseille, puis à Paris à la Libération, à une époque où, comme il le rappelle, tout se vendait, y compris la poésie, tellement les Français aspiraient à découvrir ces territoires de liberté et de rêve que la littérature représentait.
A travers ce livre, écrit en 1974 et réédité à l’occasion des 70 ans de la maison (et un an après la disparition de son fondateur), c’est un homme et un métier précieux, rare, que nous rencontrons, un métier dont la matière première, disons avant le papier et l’encre, est l’intelligence, l’imagination, le goût du récit, terreau inépuisable pour peu que l’on sache préserver un brin de passion dans un monde presse-bouton qui privilégie « l’intelligence du doigt » à celle de l’esprit.
Bien sûr, à la base l’éditeur transforme des œuvres en livres, mais son rôle est aussi de protéger et de susciter des vocations, sans oublier de vendre le plus possible de ces mêmes livres… à l’instar de ce «Œdipe Roi » traduit en vers eumolpiques par Gabriel Boissy, premier ouvrage édité par Robert Laffont en 1941.
LE CHRONIQUEUR
Les Commentaires