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Dire non au stalinisme durable

30/01/2012
Expliquer correctement aux opinions publiques les véritables enjeux d’une sortie du nucléaire, c’est ce qui devra arriver pour peu que ce thème devienne l’axe central du prochain débat présidentiel. Et il le sera à n’en plus douter.
On le sait, actuellement Nicolas Sarkozy refuse de suivre nos voisins européens sur ce terrain-là, mais peut-être changera-t-il d’avis à coups de sondages et de matraquage médiatique anti-nucléaire, quant au candidat socialiste, quel qu’il soit, il intègrera dans son programme (qu’il ne gère pas directement) cette sortie progressive du nucléaire, et ce non par conviction mais par besoin électoral, la gauche ne pouvant espérer revenir aux affaires sans les voix des Verts.
Le jeu est comme ça, il reste à en expliquer toutes les règles. Et apparemment, nous n’en prenons pas le chemin…

 

La fin d’un type de société

N’ayons pas peur des mots, la sortie du nucléaire dans toute l’Europe remettrait en cause notre modèle de vie occidental et en partie cette notion de progrès qui a été le creuset de notre expansion depuis le 19ème siècle. On peut être pour, on peut être contre, mais il serait malhonnête de nier cette évidence sous prétexte que la peur nous accompagne désormais dans toute notre démarche de citoyen. Nous avons peur de l’air que nous respirons, peur en voiture, peur de laisser nos enfants à la crèche, peur de la maladie et de la mort alors qu’on vit de plus en plus vieux, peur de manger, de boire, de fumer, peur de nos déchets, mais bizarrement pas peur de cette violence et de cette drogue qui sont en train d’anéantir notre société. Et désormais, depuis Fukushima, nous avons peur d’attraper le cancer de la tête à cause des centrales qui explosent régulièrement, notamment en France. C’est à se demander si on n’interdirait pas les avions si par malheur l’un d’eux venait à s’écraser sur une ville !

En juillet 2000, une conférence se tenait à l’Assemblée Nationale à l’initiative d’Yves Cochet, qui fut ministre de l’environnement après le départ de Madame Voynet. Le thème était (déjà) : « sortir du nucléaire. » mais sans le point d’interrogation, le mouvement écologiste détenant la vérité de manière indiscutable, on ne s’interroge pas, on affirme ! Ici, l’idéologie est permanente.

Il faut dire que le gouvernement Jospin venait juste de dézinguer le surgénérateur de Creys-Malville, et ce non pas pour des raisons techniques ou économiques, mais pour constituer une « majorité plurielle » au lendemain de la dissolution d’avril 1997.

Le nucléaire, c’est « la tache originelle » pour les écologistes, quand il ne s’agit pas, pour les plus à gauche d’entre eux, de mettre fin à l’indépendance énergétique de la France pour des raisons dogmatiques liées à la défunte guerre froide. On pourrait appeler ces gardiens du dogme les « staliniens durables »…

 

Une Europe isolée ?

L’Europe occidentale ayant renoncé au nucléaire, nous serons isolés et démunis face à la Russie, aux Etats-Unis, à la Chine et à l’Inde, énormes puissances qui continueront leur programme nucléaire, tout en raflant charbon, pétrole et gaz pour alimenter leurs centrales thermiques. Nous serons isolés et pauvres, très pauvres, car ce ne sont pas les solutions alternatives qui fourniront l’électricité à nos entreprises, à nos écoles, à nos hôpitaux, à nos villes, au réseau ferré.

Et de surcroît nous n’aurons rien gagné, car nous aurons développé d’autres peurs, peur des maladies, du froid, du manque de moyens pour faire face à nos besoins élémentaires, nous aurons également peur des autres, ceux qui continueront à prospérer sans nous.

Et pourquoi ? Parce qu’on ne réfléchit plus, parce qu’on réagit à chaud, sur le coup d’une catastrophe, d’un sondage ou de ce lavage de cerveau médiatique entrepris depuis des mois sur le thème du « tout sauf Sarkozy ». Et dans ce « tout », il y a les écologistes qui voient là leur victoire à portée de voix, avec 6, 7 ou 8% ils imposeront leur programme à 100% des Français grâce à leur séide, le PS.

Alors, que les Allemands, les Suisses, les Italiens, les Belges ou les Espagnols disent non au nucléaire, peu nous chaut, c’est leur affaire, nous ne sommes pas obligés de bêler dans le même pré à l’unisson, arrêtons avec ce catastrophisme rampant qui, pour reprendre une expression de Roger Cans dans son ouvrage « Tous Verts » (chez Calmann-Lévy), « est le stade infantile de l’écologisme. »

Et entre nous, ces pays ne comptent-ils pas sur nous pour leur vendre ce courant qui va très vite leur faire défaut ?...

 

Fernand Hurt

07/2011

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