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ROUGE

19/03/2012
« Il suffira aux soviets de punir de la confiscation de tous leurs biens ou d’un emprisonnement de courte durée les capitalistes qui se refuseront à rendre les comptes les plus détaillés ou qui tromperont le peuple, pour briser sans effusion de sang toute résistance de la bourgeoisie. Car c’est précisément au moyen des banques, une fois qu’elles seront nationalisées, au moyen des associations d’employés, des coopératives de consommation, des syndicats, que le contrôle détaillé deviendra universel, tout puissant, omniprésent, invincible. »
Voilà un copier/coller que Jean-Luc Mélenchon aurait pu effectuer, car après tout il n’y a rien à enlever pour en faire un extrait de discours du leader du Front de Gauche. Au fait, l’original est de la main d’un certain Lénine, et il date de 1917. Comme quoi en un siècle, rien n’aurait changé ici bas en Europe…

 

 

Vous avez demandé le « pire » ?

« Le pire dans le pire, c’est l’attente du pire » écrivit Beckett. On ne viendra pas se plaindre car le pire est écrit, le pire est dit, et désormais c’est au Parti Socialiste de dire la vérité aux Français : oui ou non, son candidat reprendra-t-il à son compte les théories fumantes d’un Mélenchon aujourd’hui à deux chiffres dans les sondages. Car après avoir siphonné l’extrême gauche, après avoir siphonné les Verts d’Eva Joly, il commence à siphonner l’aile gauche du PS traditionnellement plus marxiste que Blairiste (Henri Weber, sénateur socialiste, ne disait-il pas au Figaro en 2008 que « le PS partage les mêmes valeurs qu’Olivier Besancenot » ?) Et Mélenchon à 15%, soit le score de Georges Marchais en 1981, cela devient intenable pour un candidat annoncé social-démocrate dans la foulée du prétendant naturel du parti qui fit une belle sortie de route en mai 2011.

 

Rouge alternatif

On nous regarde avec effarement à l’étranger : sur les dix candidats à l’élection présidentielle, deux sont trotskistes labellisés, un est un communiste de vocation récente certes, et un socialiste officiel. Comme le disait récemment l’économiste Marc Fiorentino, « ce pays marche sur la tête. Nous sommes en 2012, mais certains se croient en 1981 ou en 1789. »

Voilà qu’en pleine mutation économique mondiale – et le mot est faible ! -, on essaie de nous vendre, comme un calendrier presque neuf de l’année 1953, les théories économiques de Plekhanov. Bras dessus, bras dessous, les marcheurs du dimanche 18 mars en quête de Bastille à dézinguer, sont en train de ressusciter Lénine, Staline, Brejnev et leurs affiliés Honecker, Tito ou encore Castro, ces compagnons de route qui ont si bien réussi leurs expériences durant des décennies. 

Eux aussi, « au-delà de tant », ils avaient tout pris ! Une fois seulement, après il n’y eut plus rien à prendre. Alors ils ont enfermé leurs peuples afin qu’ils ne fussent pas pollués par le mauvais esprit capitaliste. Et ceux qui voulaient quand même y aller voir, on les calmait avec une rafale de Kalachnikov dans le dos. Faute de pouvoir guérir les écrouelles, les « petits pères du peuple » brûlaient les réfractaires du grand partage égalitaire comme relaps. Même s’il n’y avait plus rien à partager !

Bien sûr, la nouvelle d’une résurrection du communisme en France, comme un Alien que Sigourney Weaver aurait ramené chez nous, n’est pas surprenante dans un pays où l’égalité consiste à trancher tout ce qui dépasse. 

Mais enfin, en 2012, après tout ce qu’on sait aujourd’hui sur les méfaits et les crimes perpétrés au nom de la doctrine communiste dans le monde, et je ne parle pas de cette mondialisation que nous sommes contraints de partager et de la nécessité impérieuse de mettre de l’ordre dans nos dépenses, le « pire » ressurgit à la manière d’un Georges Marchais cloné, avec ses promesses de Komintern ou de Kominform, avec ses violences verbales et ses menaces de faire les poches aux bourgeois, parlant du peuple comme ce bon monsieur Jourdain faisait de la prose. 

Et entre nous, quand depuis l’âge de 35 ans on fait partie du club des hauts salaires en tant que sénateur puis député européen, on ne vient pas sans cesse se mettre au niveau de ceux qu’on pense mieux connaître que les autres, les « petites gens ». Mais après tout, pourquoi pas une conversion à la François D’assise, Monsieur Mélenchon est tombé en révolution à la soixantaine, même si on sait depuis Nietzsche que « l’amplitude de contradictions à l’intérieur d’une pensée constitue un critère de grandeur ». Il n’est quand même pas Camille Desmoulins, sa marche du 18 mars n’est pas une révolution, pas même une révolte, elle est le constat d’une ambiguïté qui perdure en France, celle qui met en scène l’un des pays au monde où on vit le mieux, et où une grande partie de ses habitants se qualifie comme les plus malheureux de la planète. C’est peut-être pour ça qu’ils se bourrent de tranquillisants. Serions-nous un peuple malade ? Peut-être, mais parfois très con, sûrement !

 

 

Jérôme Nimaud

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