C'est probablement parce que Rodolphe Koechlin ramena de La Nouvelle-Orléans, au début des années cinquante à bord d'un Constellation, un 33 tours de Louis Armstrong « On The Sunny Side of The Street », que l'âme du jazz deviendra celle de la famille. A un point tel que son fils Philippe se prendra de passion pour la musique et un jour de 1966 fondera le mythique Rock & Folk. En tout cas c'est ainsi, autour de ce voyage et de ce disque porte-bonheur qu'est née la légende familiale. Une sacrée famille que ces Koechlin...
Alors dans la famille Koechlin, on demande l'arrière-arrière-grand-père Georges, dont les provocations et duels firent le tour de la capitale. On demande « Dieu », Charles à « la barbe fluviale », compositeur méconnu et arrangeur, auteur d'un fameux essai rejetant l'académisme, admiré de Fauré et Debussy. On demande Maurice « le bâtisseur », le « vrai père de la Tour Eiffel » qui illustre « une des caractéristiques de la famille, cette tendance à accomplir discrètement des oeuvres prestigieuses ». On demande Rodolphe et son disque qui va tout bouleverser .
On en arrive à Philippe, enfant de la guerre, élevé par ce père sévère, lycéen médiocre mais passionné de musique. Critique musical à Jazz Hot, féru de jazz New-Orleans, de Bechet, Armstrong, Count Basie, il va assister à la fin d'une époque, qu'il ne supportera pas. « Réveillé » par un concert de James Brown, il comprend alors qu'il y a quelque chose à faire avec cette génération-là. Accusé par les puristes de passer à l'ennemi, il s'enflamme pour le rock et la pop, à travers les Beatles, les Stones, les Doors... et fonde le mensuel légendaire des années 70 Rock & Folk, qu'il veut esthétique et intelligent. Bizarrement le déclin de la revue viendra avec l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. La musique va perdre son élan, devenir un produit de consommation, du marketing, des parts de marché. Philippe disparaîtra en 1996.
Dans cette famille, il y a des femmes extraordinaires aussi, comme Marie, l'épouse de Philippe, rebaptisée ainsi en l'honneur d'une chanson de Hendrix, titre de l'ouvrage.
Il y a enfin Stéphane, son fils, le narrateur qui nous offre ce très beau récit sur les siens, un formidable témoignage d'amour envers sa famille et une époque révolue, entreprenante et follement créative.
LE CHRONIQUEUR
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