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En solo, en duo et en trio

07/04/2012
L’interprétation restera intimiste, pas de symphonie magistrale mais des œuvres subtiles que l’on découvrira quasiment a capella, comme pour mieux en apprécier l’authenticité. En solo, en duo ou en trio, en rouge, en blanc ou en rosé, voici quelques partitions écrites sur des terroirs totalement différents mais qui rassemblent ici le plaisir du bon goût.

 

En solo et Flambant neuf !

Et quelque chose d’absolument décalé et sûrement divin, une ambroisie flamboyante et très légèrement pétillante à la manière d’un Lambrusco qui aurait été commandée par un dieu installé depuis peu sur les terres de Fronton dans la région toulousaine.

Fronton, car ce « Flambant bulles rouges » est à 85% issu de la Négrette, le cépage phare du vignoble du Frontonnais. On y ajoute 15% de Syrah et le vin « frisant » titre à seulement 8 degrés sur la table, vos invités seront surpris. Car ne vous y trompez pas, Flambant est vraiment à part, tellement à part que ceux qui l’ont goûté l’on adopté. Il vient même de faire son entrée dans les boutiques Marks & Spencer. 

Voilà le vin facile à boire qui trouvera son originalité dans sa capacité à s’inviter à n’importe quel moment de la journée. A découvrir avant qu’il n’en reste plus (environ 30.000 bouteilles chaque année). Flambant, qui est une idée des Vignobles Nicolas Gelis (31340 Villematier), coûte 6,50 € départ cave.

 

Grand Moulin

Volga, « un vin de chien » nous dit son propriétaire, et Volga garde le Château Grand Moulin (11200 Lézignan Corbières). En fait, Jean-Noël Bousquet a donné le nom de sa chienne, non pas gardienne mais mascotte du domaine, à cette cuvée classée Vin de Pays Hauterive 2010, un rouge déjà à moitié Syrah (avec Carignan et Grenache) qui sera naturellement fruits rouges, mais que le terroir a marqué par son côté sauvage, un peu maquis, on ne grandit pas tout près des Corbières sans conséquences. Volga s’exprime de manière simple, avec des tanins à point, il est croquant, sans fioritures, pas besoins d’embellir artificiellement (4,50 €).

 

Côtes du Roussillon

80% Syrah et 20% Grenache noir, voici un assemblage qui fait penser à un second tour de 2002. On aura donc beaucoup de fruits rouges de nez en bouche, et l’équilibre se fera sans matériel de haute performance, juste avec le savoir-faire des tanins méticuleux et besogneux, des stakhanovistes de la précision. Voilà comment ce rouge 2009 « La Matine » vient à nous, un vin proposé par le Comptoir Familial des Vins (66250 St-Laurent de la Salanque), structure de négoce créée, entre autres, par Laurent de Besombes Singla… donc un vin signé Singla comme on les connaît et comme on les apprécie. Parfait pour une grillade ou, nous dit-on, un carpaccio de légumes (6,50 €).

 

Duo de Saint-Joseph

C’est sur la rive droite du Rhône, à peu près en face de Tain L’Hermitage, que s’est bâtie la réputation de ce Saint-Joseph, là où le Massif Central commence à baliser quelques terres histoire d’avoir vue sur la vallée. Et finalement, on sera vite à la propriété d’en face, à la Cave de Tain (26600 Tain L’Hermitage) pour retrouver ce Saint-Joseph prêt à exister dans notre verre. En fait, il s’agit d’un duo, donc Saint-Joseph rouge « Esprit de Granit 2010 », 100% Syrah évidemment, toujours vêtu de pourpre, fumé, poivré, réglissé comme il se doit, s’essayant parfois à parler le Cornas de la tribu voisine, un rouge de confits, de côte de bœuf et de « fromages de terre », et que l’on pourra conserver quelques années pour encore plus de Saint-Joseph (13,90 €).

Et Saint-Joseph blanc à 100% Marsanne, « Terre d’Ivoire 2010 », un vin complexe qui passe en revue tout ce que cette brisure de montagne appelée ici terrasses granitiques ne possède pas à première vue, genre épices, réglisse, estragon… A essayer avec un poulet aux morilles, c’est divin ! (13,90 €).

 

Double Jau

90 hectares au pied des Corbières et un bâtiment dont la partie la plus ancienne remonte à l’époque cistercienne du 12ème siècle, on ne sait pas si Bernard de Clairvaux y est passé, mais depuis 1974 c’est Jean et Bernard Dauré qui oeuvrent au Château de Jau.  Au pied des Corbières, c’est la Vallée de l’Agly à une vingtaine de kilomètres de Perpignan, et ici les décorateurs ont fait dans le classique : oliviers, cyprès, vignes, du soleil et du vent pour l’animation. 

Le duo est en Côtes du Roussillon Villages 2011 pour le rouge, Syrah (50%), Mourvèdre, Grenache et Carignan, un assemblage traditionnel du Sud mais avec ses spécificités territoriales comme les arômes de garrigue. Le vin est assez puissant avec des tanins qui plient aisément, on l’imagine très vite avec une cuisine de tradition, c'est-à-dire des plats dits indémodables comme un bœuf-carottes (7,90 €).

Côtes du Roussillon Blanc 2011 pour ce Château de Jau 50% Vermentino et 50% Macabeu, un assemblage peu commun qui laisse augurer des arômes d’agrumes servis sur un lit de fraîcheur. On le dira disposé à s’associer avec des poissons grillés ou un morceau de Cantal un peu vieilli (7,90 €). 

www.chateau-de-jau.com

 

Donnez-moi du Gris !

Pas loin des maisons troglodytiques et des Bouches du Loir, il y a Vendôme et il y a les Coteaux du Vendômois qui font partie des Vins du Val de Loire. Et comme un peu plus au sud, voire franchement plus au sud, ici les vignerons font du rosé, mais du rosé gris. Gris parce que très pâle, issu du fameux Pineau d’Aunis. Donc on a donné à ce rosé le nom de « Gris » Et tous les producteurs de l’Appellation travaillent ce cépage à l’instar du Domaine Brazilier (41100 Thoré la Rochette) avec son « Tradition 2011 » à la robe quand même plus rose pâle que grise, fruits et fleurs en nez, plutôt vif et oriental en bouche, on le réservera à une cuisine épicée et exotique (5,00 €).

Même cépage bien sûr avec le « Lieu dit Cocagne 2011 » des Vignerons du Vendômois (41100 Villiers sur Loir), concentré d’agrumes avec deux doigts de curry, on imagine là encore les mets qui s’accommoderont avec ce rosé (gris) équilibré et un brin acidulé (4,40 €).

 

 

 

Un trio du côté de Chinon

Nous restons dans le Val de Loire, en Touraine évidemment, là où l’on pourrait évoquer un maître de la table et de la ripaille né dans la région il y a un peu plus de cinq cents ans, François Rabelais. Il appréciait fort justement ces rouges de la Loire, « les vins vrais » si chers à Jean Carmet, Chinon, mais aussi Saumur, Bourgueil, Anjou… Ne dit-on pas que cette région possède le meilleur climat de France avec une moyenne des précipitations les plus régulières de ces cent dernières années.

Ici, on fait principalement appel au Cabernet Franc qui donnera le rubis de la robe (voire le violacé), le fruité de la fraise des bois, et des tanins élevés dans une institution suisse, leur modèle de politesse en atteste ! Ce sont des vins qui se boivent jeunes, mais dont l’aptitude à passer quelques années au frais et au noir est certaine. 

Pour ce trio, nous avons sélectionné « Médiévale 2011 » du Domaine de la Commanderie (37220 Panzoult), tout en rondeurs et gourmandise, on l’appréciera de viande blanche en viande rouge, ou pourquoi pas avec un gibier qui serait resté en villégiature dans le coin. 

Du Domaine Fabrice Gasnier (37500 Cravant les Coteaux), voici « Les Graves 2011 », toujours sur le Cabernet Franc à fond les manettes, un vin ample dès la présentation et qui vous serre la main généreusement, tout en ayant appris la discrétion à ses tanins, peut-être pour demeurer sur une note de délicatesse. Cette fois-ci, on parlera charcuteries et fromages (7,00 €).

Le troisième soliste de ce trio a pour nom « Clos de la Lysardière 2011 », ce sont les Vignobles du Paradis (37500 La Roche Clermault) qui nous l’ont envoyé ici-bas, alors on sera obligé d’y croire puisque déjà une petite place de 75 cl nous y est réservée. Et voilà ce qu’on aime avec le Chinon : l’authenticité, la vérité, la simplicité d’un vrai vin de terroir, à noter une belle conclusion de fruits très très mûrs qui nous laissera un arrière-goût de dessert. Superbe ! (6,70 €).

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