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La Provocation

10/04/2012
La Provocation, par Ismail Kadaré, chez Fayard, 16,00 €

 

Bloqués par la neige qui tombe sans discontinuer, deux postes-frontières situés à 2.800 mètres d’altitude s’épient et s’apprêtent à réveillonner. Du côté albanais, c’est calme et ennui, pas de vivres ni de courrier. En revanche, du côté ennemi, c’est bombance, l’on festive, l’on boit sec, et l’on y amène même des filles. Un réveillon glacé, insolite. Est-ce dû à l’ivresse ? Un échange de tirs et le commandant albanais est tué. Puis c’est une invitée réclamant des soins que seul peut lui prodiguer le médecin albanais, qui est déposée dans le no man’s land. Est-ce une prostituée, une espionne ?

C’est avec cette nouvelle « La Provocation » que débute ce recueil d’Ismail Kadaré. Elle témoigne de l’univers glacé des régimes totalitaires communistes, de tous les régimes autoritaires. Les héros sont des êtres animés par la haine de l’autre, par la peur comme le prouve « le Rapport secret ». « Tout le monde estime que la première condition pour contraindre l’esprit est la crainte du châtiment (…) Sans la peur, rien n’advient en ce bas monde. Seulement, pour que l’esprit devienne vulnérable à la peur, il faut le travailler longtemps, patiemment. »

Neufs récits écrits avant ou après la chute du communisme albanais, très différents, mais qui témoignent de l’univers poétique d’un auteur majeur.

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