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Comment brasser du vent et enfumer les taupes ?

16/04/2012
« La dette est un échec, le déficit c’est eux ! », combien de fois n’a-t-on pas entendu la ritournelle depuis des mois, depuis le début des hostilités électorales, la dernière livraison nous vient du maire de Paris Monsieur Delanoë, expédié dans les fossés de Vincennes pour soutenir son champion François Hollande. « Le déficit c’est eux », sous-entendu nous n’y sommes pour rien, la crise n’y est pour rien, le colossal poids des dépenses publiques n’y est pour rien, laissons croire qu’ils se sont mis l’argent des Français dans leurs poches, ça a déjà marché avec le bouclier fiscal pendant trois ans, trois années au cours desquelles on a fait gober aux gogos que les 650 millions du bouclier étaient responsables des 100 milliards des déficits : ils sont tellement cons qu’on va les enfumer comme les taupes au bout du champ !

 

 

Vous avez des dettes

Le plus drôle – voire le plus navrant -, c’est que ça pourrait marcher dans l’autre sens. Si Madame Royal avait gagné en 2007, c’est l’UMP qui aujourd’hui jouerait de la grosse caisse pour dénoncer l’incompétence du Parti Socialiste en la matière, et c’est l’UMP qui nierait la crise et blablabla… Alors que tout le monde sait, enfin tout le monde devrait savoir que c’est le manque de recettes fiscales au plus fort de la crise, à partir de 2008, et le maintien des transferts sociaux (près de 600 milliards) qui sont responsables de cette expansion de la dette à travers les déficits.

A-t-on, à partir de 2008, supprimé des aides et des allocations, a-t-on baissé les salaires et les pensions, a-t-on alors augmenté la TVA et les impôts des plus modestes ? Bien sûr que non, et ce n’est pas en augmentant les impôts des plus riches que l’Etat aurait pu compenser ce manque de recettes fiscales, à titre d’exemple, le total de l’impôt sur le revenu ne représente qu’à peine 10% des transferts sociaux. La seule marge de manœuvre conséquente se situe au titre des dépenses publiques, les plus importantes d’Europe parmi les pays d’importance comparable : 56% du PIB en France, 47,5% en Allemagne, une différence de 8 points. Et 8 points des 1.100 milliards que ces dépenses publiques représentent c’est tout juste notre déficit !

Alors, quand Monsieur Delanoë dit « le déficit c’est eux », on peut aussi ajouter que « eux » ce sont les Français, les Français qui ont demandé toujours plus de social et de présence publique depuis trente ans, ce social que les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont accordé, par lâcheté, par électoralisme, par folie ou bêtise. Et ce déficit nourrit la dette : 85,2% du PIB chez nous, 82,2% au Royaume Uni, 81,5% en Allemagne, 115,5% en Italie… et 159% en Grèce (chiffres Eurostat 12/2011).

Alors on vous dira qu’on peut réduire le déficit avec une balance du commerce extérieur excédante à l’instar de l’Allemagne. Certes, mais avec 8 points de plus au compteur des dépenses publiques, on comprend vite que nos entreprises seront moins compétitives. Globalement, le PIB par habitant est le même en France et en Allemagne (un peu plus de 29.000 €/an), mais l’Etat fragilise nos comptes en dépensant bien trop par rapport à un équilibre dit « de bon père de famille ».

 

 

Une politique de gauche

Que cela plaise ou non, il faut l’avouer, Sarkozy a fait une politique de gauche depuis 2008, privilégiant les transferts sociaux, et ce ne sont pas les quelques cadeaux accordés aux plus riches qui ont déséquilibré nos comptes. Que fera le PS en cas de victoire ? Va-t-il couper drastiquement dans les dépenses sociales, là où il y a de la marge, va-t-il baisser salaires et pensions comme au Danemark, en Espagne, au Royaume-Uni, en Irlande, en Grèce, en Italie, va-t-il supprimer des allocations comme en Allemagne, diminuer les allocations chômage comme au Danemark, en Espagne, en Allemagne, va-t-il supprimer 300.000 postes publics comme au Royaume-Uni, baisser le smic comme en Irlande ou augmenter la TVA comme de nombreux pays européens ? Non, non ! Il va décréter la croissance depuis l’Elysée et Matignon, une croissance décrétée à la hausse chaque année, et bien sûr il va créer cette tranche à 75% qui rapportera… globalement 1% du déficit.

Voilà en fait la réalité, et rien ne changera tant qu’on ne jouera pas efficacement sur ce levier des dépenses publiques, c’est ici que se trouve la seule marge de manœuvre intéressante pour retrouver cette compétitivité qui nous fait défaut, une compétitivité créatrice de richesses et d’emplois, donc de recettes fiscales qui pourront se convertir cash en transferts sociaux… véritablement financés.

On le sait, pour assainir nos comptes il faudra passer de 56% du PIB à 48% à la fin du mandat à venir, et corollairement faire passer le déficit de 5,2 à 0% en 2017. Mais ne rêvons pas, ceci ne réduirait notre dette que de 10%.

Autrement il y a la solution du Qatar, vendre une partie de la France comme un club de foot…

 

Jérôme Nimaud

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