L’une est significative en la matière, c’est Grenoble, préfecture de l’Isère et surtout ville phare en matière de recherche, de technologies de pointe et d’universités. A Grenoble, on retrouve un « concentré » des plus hauts postes de la fonction publique et un nombre très important de cadres administratifs. Ici donc, vivent des salariés avec emploi garanti à vie, avec des traitements qui se situent au-dessus de la moyenne nationale (très au-dessus pour certains), avec les meilleures retraites, souvent obtenues bien avant les salariés du privé, des fonctionnaires qui ont également accès à tous les prêts et qui se retrouvent souvent, indirectement, prioritaires pour les locations.
On dira qu’il ne s’agit pas vraiment des salariés les plus anxieux quant à leur avenir. Résultats du premier tour à Grenoble, François Hollande cartonne avec plus de 35% sur la ville, laissant Nicolas Sarkozy à 13 points derrière lui (contre 1,5 au niveau national) ! C’est le vote « bobo » des salariés protégés qui attendent de François Hollande la création de dizaines de milliers de postes supplémentaires dans le Public, sans doute dans l’espoir d’y caser leur progéniture, plus quelques avantages corporatistes qu’ils obtiendront par le biais de syndicats totalement inféodés à leurs demandes puisque ces mêmes fonctionnaires étant désormais leurs seuls cotisants.
Et ce scénario se répète dans une multitude de villes moyennes qui sont également des préfectures, là où sont concentrées toutes les directions administratives.
Alors, croyez-vous que les précaires votent Hollande ? Non, ils ont voté Mélenchon ou Le Pen, et un peu Sarkozy, mais pas Hollande. Il y a bien longtemps que les ouvriers, les chômeurs et les salariés précaires ne votent plus pour un Parti Socialiste dirigé désormais par de grands bourgeois qui représentent cette nouvelle caste française qui se fout complètement de l’avenir marchand du pays, en gros des salariés du privé, sorte de sous-classe du travail, des gens qui n’ont même pas de RTT, qui ne partent pas six fois dans l’année en vacances, qui ne veulent même pas acheter un appartement à 600.000 euros et qui n’ont pas d’abonnement au théâtre populaire. Des gens pas fréquentables en fait.
Fernand Hurt
LE CHRONIQUEUR
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