Ava Gardner, « un garçon manqué dans un corps de femme fatale », fut la brune qui mit fin au règne des blondes à Hollywood. Elle y débarque à dix-sept ans en 1941. Elle ne sait pas jouer la comédie, elle a un accent sudiste épouvantable, jure comme un charretier, mais elle est belle, « belle comme un mirage, une hallucination ».
Elle intègre le régiment de starlettes sous contrat avec la MGM. Il lui faudra attendre longtemps avant d’avoir de vrais rôles. Parce qu’elle a peur d’entrer dans un personnage, pour vaincre le trac, elle boit et c’est une habitude qui ne la quittera jamais. Elle rend les hommes fous : Mickey Rooney, dont elle sera l’épouse durant un an seulement, Artie Shaw, Howard Hughes qu’elle mettra KO, Frank Sinatra, son grand amour… Frank, jaloux, voudra se suicider quand elle le quittera, et lui dédiera une chanson, « I’ve got you under my skin ». Avec lui, elle a côtoyé la mort, tutoyé le malheur, connu la passion mortifère. Il y aura beaucoup d’hommes dans sa vie, des femmes aussi.
Ava veut vivre intensément, elle est allergique à l’ordre moral, différente des autres stars, beaucoup plus européenne. C’est d’ailleurs en Espagne, puis à Londres qu’elle résidera. Ava est double, c’est l’élégance et la crasse, la classe et le sex-appeal, une terrienne aux pieds nus encombrée par son physique de femme fatale.
Il nous reste d’elle de grands films : « La Comtesse aux pieds nus », « La nuit de l’iguane », « Mogambo », et surtout celui qui lui ressemble le plus, « Pandora ».
« Une apparence de déesse mais un surmoi en vrac, une aspiration à la pureté, à la bonté, à l’excellence et une existence dévastée. Une très belle femme insatisfaite, un peu confuse, honteuse même, qui se venge de ses échecs en sadisant les hommes qui l’aiment. » Telle fut Ava : « classe et sensualité. Délicatesse et colère. Force et fragilité. Masculin-féminin. Noir désir. »
LE CHRONIQUEUR
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