On se calme…
Je ne sais pas si c’est la République qui est de retour, mais l’arrogance c’est certain ! Mais que monsieur Harlem Désir se calme, la victoire de François Hollande n’est pas celle de la démocratie sur une quelconque junte militaire ou ligue fascisante. C’est tout de même extraordinaire cette sale habitude qu’ont les socialistes de laisser entendre que leur victoire serait juste, citoyenne, démocratique, et que les victoires de la droite – également républicaine – seraient toujours suspectes. C’est comme ce pétainisme jeté à la figure de Nicolas Sarkozy par des responsables politiques qui ont oublié que la très grande majorité des parlementaires socialistes avait voté les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940. Là ça fait déjà moins rire. Comme ils ont oublié que le Front National est une « chose » qui fut quasiment créée par François Mitterrand pour sauver sa majorité en 1986, et qui depuis a souvent permis au PS de gagner nombre d’élections. On vient encore de le constater.
Finalement quel contraste entre le discours d’un Président qui reconnaît sa défaite et ce droit à l’inventaire que certaines vieilles gloires du mitterrandisme faisaient valoir dès vingt heures et une minute sur les plateaux de télévision, oubliant eux aussi que la « vie en rose » de ces années-là a parfois tâché comme un vieux picrate imbuvable. On a même eu droit aux promesses d’embauches d’enseignants pour la rentrée prochaine. Donc c’est le moment de demander, le bureau des doléances est ouvert jusqu’au 17 juin, jour du second tour des législatives. Jusque là tout est possible, tout est réalisable, après on verra…
Et après justement ?
Après les législatives ? Deux solutions : soit l’UMP conserve sa majorité et on se dirige vers une cohabitation avec un Président chrysanthème, soit la nouvelle Gauche Plurielle, qui ira du centre gauche soi-disant représenté par François Hollande aux Staliniens du Front de Gauche, l’emporte, et inexorablement la France glissera dans le camp de l’Europe du sud, par obligation électorale ou contrat de confiance passé entre ses dirigeants et les électeurs majoritaires, à savoir la préservation de la priorité sociale incluant davantage de services publics et de fonctionnaires, et davantage d’aides et allocations, le tout financé par l’impôt, impôt sur les entreprises et les particuliers, sans oublier les charges sociales. Donc au détriment de la compétitivité et de l’emploi privé.
C’est le modèle grec, c’est le choix de certains, mais ne nous y trompons pas, c’est aussi le choix d’un collectivisme rampant. L’Europe du sud est un abîme dont nous ne ressortirons pas car, contrairement aux erreurs que l’on pouvait faire durant les années 80 et 90, celles d’aujourd’hui, comparables à des lâchetés et à de l’immobilisme rassurant, sont autant de poisons mortels dans le contexte d’une économie mondialisée. Et arrêtons de croire qu’il suffira de marcher encore plus nombreux dans les rues sous des drapeaux rouges et sous la houlette de grandes gueules vulgaires pour échapper à cette évidence qui semble dépasser notre entendement : aujourd’hui, des centaines de millions, voire quelques milliards d’ouvriers de pays émergents aspirent à jouir de notre confort… au détriment de notre confort si nous ne réagissons pas. Et ce n’est pas en créant massivement des emplois publics payés en monnaie de singe que nous éviterons la catastrophe. Au mieux, cela servira à gagner une élection de plus !
Ne pas se tromper de train
C’est ce que l’Europe du nord semble avoir compris. Nous avons encore la possibilité de nous défendre en baissant nos coûts, tous nos coûts, et en remettant le travail au centre de tout. Comment peut-on croire qu’en vivant plus longtemps et en travaillant moins face à un monde qui fait les trois-huit, nous pourrons obtenir encore plus de temps libre, plus de loisirs, plus d’allocations pour rester à la maison ?
Et ne soyons pas dupes, là où François Hollande a obtenu ses meilleurs scores, en dehors des grandes villes où vivent ceux qu’on appelle les « bobos », souvent des couples de fonctionnaires à revenus aisés (mais qui sont tous malheureux !), c’est là où vivent le plus d’électeurs assistés à 100%. Les départements d’Outre-Mer en sont la preuve, comment ne pas s’étonner, entre autres, des 70% de voix qui se sont portées sur François Hollande à la Réunion ?
Europe du nord ou Europe du sud, ce n’est pas la peine de faire semblant de regarder ailleurs, car là est le véritable enjeu. Les pays les plus fragilisés aujourd’hui sont la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, nous n’avons qu’un mot à dire pour rejoindre le club.
Bien sûr, démographiquement, une très forte population nous aspire vers le sud, population européenne arrivée en France depuis la seconde moitié du 20ème siècle, et population venue d’Afrique du Nord.
On le voit, il ne s’agit pas de sortir des billevesées du genre « la République est de retour », il s’agit de ne pas se tromper de sens. Certes, le sud est beaucoup plus agréable à vivre, mais je ne pense pas, contrairement à ce que chante Aznavour, que la misère soit plus agréable ou plus belle au soleil. La misère est misérable partout !
Jean-Yves Curtaud
LE CHRONIQUEUR
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