Bienvenue en Crise
Où sommes-nous, que dit le GPS ? Au centre de la crise, complètement et jusqu’aux genoux, cette crise que François Hollande et ses amis politiques ont tellement niée, démentie, car nos problèmes, paraît-il, ne venaient que de l’incompétence du Président Sarkozy qui gaspillait l’argent des Français en caviar et Champagne au Fouquet’s. Du moins, c’est ce que j’ai compris, du moins c’est ce que nos médias n’ont pas cessé de nous répéter en boucle.
Des pauvres en haillons criant famine, il en pleuvait des dizaines de milliers chaque matin, et ce à cause de la politique ultra-libérale de Sarkozy, un Sarkozy pourtant qualifié par les 27 de « chef d’Etat européen le plus à gauche » ! Bien sûr, notre chômage est passé globalement de 7 à presque 10%, mais c’est oublier que nombre de pays ont connu bien pire dans le même temps, allez donc demander aux Espagnols ? Mais on a préféré s’indigner à la maison. Et quand les autres viraient des fonctionnaires par centaines de milliers nous gardions les nôtres, quand l’Europe baissait les salaires et les pensions, supprimait des allocations, ici en France, rien ne changeait, et quand l’Etat a aidé les banques (qui ont remboursé avec intérêts), ce fut pour sauvegarder l’épargne de ces mêmes Gaulois.
Mais c’était oublier ce fameux Fouquet’s… qui ne pèsera pas bien lourd lors des prochaines rencontres franco-allemandes.
Excès de vitesse de parjure ?
Comment allons-nous expliquer notre solidarité envers les pays cigales, ceux qui ont dépensé sans compter et qui nous envoient la note ? Comment dire aux Allemands, aux Néerlandais, aux Suédois, aux Autrichiens et à tant d’autres qui ont réformé avant de couler, qu’après tout le Sud fera comme il voudra et que l’Europe ira se faire voir chez Plumeau ?
S’il m’en souvient, c’est bien le Parti Socialiste, le même parti et quasiment avec les mêmes responsables, qui a fait Maastricht tout en mentant sur les efforts à faire. Et ce candidat qui nous a dit qu’il ramènerait les déficits à zéro d’ici à la fin de son mandat, c'est-à-dire en 2017, serait-il déjà en excès de vitesse de parjure ? Embauche massive de fonctionnaires, 150.000 emplois aidés (des emplois jeunes pour les quartiers mis à disposition des collectivités – déjà en situation de sureffectifs – et les associations et payés par le contribuable), retour de la retraite à 60 ans pour certains, augmentation des allocations… quel fabuleux message de compétitivité livré à nos concurrents, alors que la France est classée 116ème sur 142 selon le « Global Competitiveness Report » en termes de complexité administrative.
Tout le monde a bien compris que le problème aujourd’hui est avant tout économique. Il faut retrouver cette compétitivité à tout niveau, aller plus vite, chasser les lourdeurs administratives qui ralentissent l’efficacité, lourdeurs qui, d’après certains experts, peuvent représenter trois à quatre points de PIB (quasiment de quoi gommer notre déficit !), et surtout casser ce vieux 45 tours qui tourne en boucle dès que l’on évoque le Service Public : « manque de moyens, manque de personnels ! ». Nous sommes le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de fonctionnaires pour mille habitant, et nous en manquons toujours. François Hollande en a promis 60.000, mais d’ici à quelques mois vous verrez que ça ne suffira pas, il en faudra au moins 600.000 de plus.
Plus vite !
Alors posons la question qui tue : soit nos fonctionnaires ne travaillent pas assez, soit ils travaillent mal ? Ah ! La chose à ne pas dire. En fait, c’est toute notre organisation du travail qui est à repenser, et l’Etat doit donner l’exemple. Dans un petit ouvrage qui vient de sortir (« Plus vite ! La France malade de son temps » paru chez Grasset), Guillaume Poitrinal, qui dirige le leader européen de l’immobilier commercial, ose cette provocation : « Si la France produisait en 355 jours ce qu’elle réalise en 365, elle augmenterait sa croissance de 3%. » En gros, plus nous prenons notre temps et plus la croissance diminue.
Provocation ? Pas si sûr. Faire en 355 jours ce qu’on fait habituellement en 365, c’est peut-être arriver au travail à l’heure chaque matin, ne pas partir un quart d’heure avant à cause des embouteillages, ne pas passer au total une heure en pauses café, pauses cigarette et pauses pipi, sans compter les commentaires des programmes télé de la veille, et on ne comptera pas les arrêts maladie pas toujours justifiés qui peuvent monter à 15/20 jours par an dans certains secteurs.
« Pour ce qu’on me paie ! », et voilà l’antienne, que dis-je, le stabat. Mais si nous avons plus de croissance tout le monde en profitera à la fin du mois. Au lieu de continuer à partager le même gâteau qui produit des parts de plus en plus petites, tâchons de faire grossir ce même gâteau. Et arrêtons d’être stupides en imaginant un monde merveilleux où l’on partagerait le travail entre ceux qui en veulent un.
De l’utilisation de la démagogie
Les discours tenus par la gauche durant cette campagne électorale ont continuellement nié la crise, nié la mondialisation, nié les obligations qui nous lient à nos partenaires européens, obligations que les socialistes, on vient de le rappeler, ont inscrites avec le Traité de Maastricht.
Il serait temps de comprendre que les bravades et affabulations d’un Mélenchon déguisé en stakhanoviste de la lutte des classes, lui qui fait partie des gros salaires depuis trente ans tout en surfant sur le misérabilisme, ne nous feront pas éviter le plus dur de la crise qui arrive. Car le plus dur arrive vraiment, les essais, comme on dirait en F1, viennent d’avoir lieu en Grèce et en Espagne.
C’est en remontant nos manches et en se demandant, comme l’avait si bien dit Kennedy en son temps, ce que nous pouvons faire pour notre pays et pas seulement ce qu’il peut faire pour nous, que nous aurons une chance de survivre à ce cataclysme économique qui fonce sur nous à force 10 sur toutes les échelles connues. Faute de quoi, nous allons nous retrouver le cul par terre à nous demander pourquoi nos politiques n’ont rien vu venir, alors que c’est nous qui ne voulons rien voir venir : encore un peu de loisirs et de RTT monsieur le bourreau…
Jean-Yves Curtaud
LE CHRONIQUEUR
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