Retour à Caluire près de Lyon le 21 juin 1943 chez le docteur Dugoujon. Ce jour-là, des responsables de la Résistance ont rendez-vous – mais ils ne le savent pas encore – avec un certain Klaus Barbie. Parmi ceux que le chef de la Gestapo locale arrêtera, il y a Max, c’est bien sûr un nom de guerre, c’est le nom de Jean Moulin.
On connaît ce drame, il fait partie de notre Histoire. Mais on ne sait toujours pas avec certitude, soixante-dix ans après, le nom de celui qui a donné Moulin à Barbie. Est-ce René Hardy, celui qui fut accusé de trahison, le seul qui parvint ce jour-là à s’échapper ? Hardy fut jugé et acquitté à deux reprises.
Pourtant, longtemps après, un juge à la retraite, certainement obsédé par cette affaire, décide de rouvrir le dossier et convoque René Hardy pour de nouveaux interrogatoires. Nous voici passés côté roman et à nouveau au cœur de cette ville que l’on dit capitale de la Résistance : Lyon sous l’occupation, ses rues, ses traboules, la gare de Perrache, les rendez-vous clandestins, la peur, la trahison, et Jean Moulin, que de Gaulle avait chargé d’une mission ô combien périlleuse, unir les différents mouvements de résistance, une mission qui lui a sans doute coûté la vie car pour certains, l’après-guerre était déjà en préparation : la France serait-elle ou pas un pays communiste ? C’est en filigrane ce que l’auteur, Dan Franck, tente de nous faire comprendre à travers cette histoire revisitée mettant en scène un vieux juge et un homme qui refera surface juste avant le procès Barbie en 1984.
Ces « champs de bataille » sont ceux de la mémoire de combats passés, combats pour la liberté et la démocratie. Mais les combattants sont devenus vieux, ils sont fatigués, et n’arrivent encore à se mobiliser que pour manifester contre l’extrême droite, service minimum en mémoire du passé peut-être.
Finalement, Dan Franck nous propose un livre un tantinet politique.
LE CHRONIQUEUR
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