Avec Saumur pour cadre
Et un « Secret des Vignes » qui tombe à pic puisqu’il s’agit ici, près de la Loire et de cette douceur célébrée par les poètes, d’évoquer une gamme de vins tranquilles en AOC Val de Loire proposée par la Maison Ackerman (49400 Saumur), spécialiste des vins effervescents. Trois vins classés Saumur à leur manière, deux blancs et un rouge, tous trois du millésime 2009.
Le rouge est un Cabernet Franc « Saumur Champigny » qui tient son nom d’une petite commune (Champigny) située au sud de Saumur, une appellation qui ne produit que des vins rouges d’une robe souvent rubis, très fruités où parfois un bouquet de violettes vient faire causette à son amoureuse. Ce « Secret des Vignes » est plutôt charpenté, on le dit avec « une bonne persistance épicée et torréfiée », il sera très bien avec un agneau sauté ou quelques charcuteries (9,90 €).
Deux blancs donc, deux fois 100% Chenin, le premier est un Coteaux de Saumur à la robe sertie d’or, qui affiche sa différence avec un mariage heureux entre arômes floraux et fruits exotiques, il est sec mais onctueux, on pourrait le croire élevé pour faire carrière dans les desserts (9,90 €) ; le second est un Saumur Blanc, peut-être plus frais et plus vif que le précédent, long à souhait et ostensiblement Chenin, du fruit, de la légèreté et une capacité indéniable à vous mettre au mieux avec des poissons grillés ou une salade de crevettes (9,90 €).
Ces deux blancs sont la preuve que ce cépage a de multiples ressources, et son succès désormais mondial le démontre, on le retrouve bien au-delà des terres de Loire, en Californie, en Argentine, en Australie…
Le trente et les Costières
Direction le Gard, département de soleil et de vent qui fait sa vie entre les Cévennes et la Camargue et qui arbore fièrement une Appellation d’Origine Contrôlée depuis 1986, les Costières de Nîmes. Le vignoble s’étend d’une arène à l’autre sur 24 communes entre Nîmes et Arles, sur une terre chargée d’histoire liée à la présence romaine il y a quelque deux mille ans. Cette AOC est la plus méridionale de la Vallée du Rhône à laquelle elle est rattachée.
Nous vous avons parlé il y a quelques mois des Costières de Nîmes en blanc, voici aujourd’hui deux rouges en millésimes anciens. L’un est 100% Syrah « Cuvée Excellence 2006 » du Mas de Bressades, six ans au compteur et une puissance affirmée avec des arômes floraux et toute une palette de senteurs sauvages puisées dans la garrigue voisine, des tanins fins, ce qui peut surprendre avec ce vin très masculin, corsé et généreux. On va l’adorer avec une viande cuisinée à la provençale, peut-être pour y retrouver l’olive et le laurier (12,00 €).
L’autre est un rouge d’assemblage Carignan, Syrah, Grenache et Mourvèdre, c’est le millésime 2008 « Les Perrières » du Domaine Marc Kreydenweiss, plus jeune que le précédent mais déjà bien dans ses habitudes, sa robe d’un rouge brillant augure des saveurs de cerises cueillies sur l’arbre, voilà un vin charnu et frais qui prendra plaisir à s’accommoder d’une viande grillée ou d’un fromage « qui sent » (9,00 €).
Avec des coccinelles rouges…
Nous ne quittons pas le Gard car nous avons un détour au programme du côté du Château des Coccinelles Rouges (30390 Domazan) pour y déguster le « Signargues 2009 », un 50/50 Syrah et Grenache certifié en agriculture biologique, un vin qui a obtenu une médaille d’argent au Concours Général Agricole 2010. Les médailles ce n’est pas trop notre truc, mais parfois c’est bien à signaler.
Ce Côtes du Rhône Villages habillé d’un rouge profond un tantinet violacé, partage son temps entre fruits rouges et fruits noirs, on le qualifiera de très aromatique et on le sent déjà corsé, bien équilibré, mais il donnera sûrement le meilleur d’ici à trois ou quatre ans. A garder donc. Et côté table, charcuteries et fromages apprécieront, mais une daube provençale en sera fière (9,50 € départ cave).
Le Mas de la Chevalière
Blanc et rouge du Languedoc signés Laroche (89800 Chablis) et issus du Mas de la Chevalière, deux vins de cépage, le blanc en 100% Chardonnay, le rouge en Syrah, et deux vignobles, Peyroli sur les contreforts du Massif Central pour le Chardonnay, et Roqua Blanca au nord de Béziers pour la Syrah, et deux vins classés IGP Pays d’Oc. C’est dit !
Aromatique, un peu pêche au moment du dessert, un brin épicé, peut-être pour imaginer un mariage exotique avec un tajine aux abricots et raisins secs, minéral comme on aime, un peu mais pas trop, ni trop sec ni trop fruité, ce blanc est l’osmose entre fraîcheur et suavité, c’est lui qu’il nous faut pour notre prochaine volaille à la crème et aux morilles. A noter que ce blanc (comme le rouge qui suit) est équipé d’une capsule à vis, ce qui facilite la vie lors d’un déjeuner loin de la maison. Il est vendu 12,00 € chez les cavistes et chez Laroche.
Le Mas de la Chevalière rouge 2010 dit « Vignoble Roqua Blanca » ne cache pas son amour pour les fruits rouges et la réglisse. Il ne cache pas non plus ses origines liées à la famille Syrah. Mais il a ce quelque chose en plus qui fait un beau vin, l’équilibre, les tanins de velours, la longueur tenace, un peu de bois comme si un ami bordelais était venu poser quelques rondins aux alentours… un très beau vin (12 €).
Les Corbières d’Ollieux Romanis
Partis du Val de Loire, nous voici à la destination extrême de notre balade, là où les amateurs de rouges puissants, sauvages, charpentés nés du vent et du soleil, aiment poser leur sac, c'est-à-dire sur le massif des Corbières.
Et pour illustrer ces vins, voici deux rouges proposés par le Château Ollieux-Romanis (11200 Montseret), deux vins classés Corbières Boutenac élevés sur un domaine de 150 hectares proche de Narbonne.
Pour le rouge « Classique 2010 », ce sera Carignan (40%), Grenache et Syrah, avec des arômes de cassis, un peu de fraîcheur en fin de bouche, et surtout un beau potentiel culinaire, c’est vous qui ferez le menu aujourd’hui (7,50 €).
Le Corbières rouge « Prestige 2009 » a déjà des ambitions pour le quinquennat à venir puisqu’on pourra aisément le conserver jusqu’en 2017, il en a le potentiel dans ses gènes. C’est un bel assemblage qui le dit (Carignan, Grenache, Mourvèdre et une pointe de Syrah), sa complexité et sa droiture de caractère feront le reste. A conseiller avec une viande et des fromages (12,00 €).
La Roque à Bandol
Avouez que vous avez eu raison de nous suivre tout au long de ce périple débuté du côté de Saumur, car nous voici prêts à aborder les Restanques ou faire trempette sur la plage de cassis. Bref, voici Bandol et son vin devenu « branché » au fil des décennies. Branché on s’en fout, mais le succès de certaines maisons est plus que mérité, la qualité tutoie parfois l’exceptionnel car ces vins ont souvent une forte personnalité. Peut-être à l’instar de ceux du Moulin de la Roque, une cave née en 1950 et qui vient d’inaugurer un site remarquable au Castellet.
Au Moulin de la Roque (83330 Le Castellet), deux AOC Bandol, d’abord un rouge à 95% Mourvèdre « Grande Réserve 2007 », un vin à la robe foncée qui pourrait virer au noir, offrant immédiatement en nez ses arômes de fruits très mûrs ainsi qu’un bouquet d’épices (on soupçonne un zeste de cuir d’être passé par là !), le bouche est ronde, les tanins intégrés et confortables, voici un rouge bourré de talent, un peu comme élevé dans une institution suisse mais qui reviendrait vers son soleil préféré chaque week-end (12,70 €) : faites-vous plaisir !
Mourvèdre encore, et Grenache, quasi moitié-moitié sur la version « Rosé Grande Réserve 2011 », un beau rosé de Bandol à la robe ambrée, il y a du fruit rouge, des épices, et une longueur digne d’une ligne droite de trois kilomètres, on sait qu’on aura le temps d’apprécier le paysage. Et si on se faisait un plat de pâtes avec quelques lamelles de truffes ? (11,70 €).
Ne quittons pas Bandol car nous avons encore à parler d’une belle cuvée spéciale 2011 du Domaine de l’Olivette (83330 Le Castellet), un blanc à la robe d’un jaune très clair, majoritairement Clairette (90%), accompagné d’un peu de Rolle (le cépage provençal). Fleurs blanches et tilleul, pêche et amande, un bouquet de Provence pour marquer le territoire façon Gilbert Bécaud, et voici le résultat, un blanc complexe certes, mais fin et gras (eh oui !), bien installé sous la pinède pour faire honneur aux rougets ou à la soupe au pistou (16,50 €).
Aumérade et Clapière
On va du Var… au Var et de Bandol en Côtes de Provence pour y trouver deux rosés bien identifiables grâce à cette belle bouteille aux lignes arrondies et féminines inspirées d’un Gallé. Deux châteaux, deux cuvées : « Cuvée Marie-Christine 2011 » du Château de l’Aumérade (83390 Pierrefeu), un endroit que déjà en son temps le bon roi Henri IV appréciait pour ses vins. Nous sommes en présence d’un rosé à la robe pâle, mêlant fruits rouges et exotiques, ce qui donnera quelques idées pour la suite du menu : tapenade, brandade ou daurade… du sud, du méditerranéen (vendu 7,95 €).
Du Château de la Clapière (83400 Hyères), nous avons dégusté le rosé 2011 cinsault-Grenache-Syrah aéré par les embruns de la Méditerranée. Ici, l’histoire est indissociable, non pas d’un roi comme à l’Aumérade, mais d’une reine, Victoria, qui rendit une visite aux propriétaires de la Clapière à la fin du 19ème siècle. Les jardins du domaine viennent d’ailleurs d’être redessinés à l’identique avec palmiers et orangers, un hommage à cette visite royale d’une autre époque.
On a peu parlé du rosé, en voici un résumé : aromatique, fruité, frais et gras, on peut le dire subtil, il est le rosé parfait pour un repas de saison, depuis l’apéritif à la tarte finale, entre les deux, salades et poissons apprécieront (7,50 €). Nous aussi !
LE CHRONIQUEUR
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