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Bienvenue à « Bobo-Land »

15/06/2012
Rennes 67%, Montpellier 62,3%, Limoges 64,9%, Toulouse 62,5%, Nantes 61,5%, Poitiers 65,1%, Lille 62,3%, Besançon 59,3%, Caen 60,6%, Rouen 59,4%, Bordeaux 57,1%, et même Paris 55,6% et Lyon 53,1%... toutes les grandes villes ont donné à François Hollande une majorité inimaginable en ce pays il y a seulement dix ans. Et le score a bien sûr été confirmé aux législatives dès le premier tour.
Le constat est simple : c’est à partir du moment où les classes dites populaires quittent les grandes villes que celles-ci basculent à gauche. Paris a donné l’exemple, et toutes les autres suivent, y compris celles qui, de tradition ou historiquement, étaient des bastions du centre ou de la droite comme Lyon, Bordeaux, Toulouse, Caen, Strasbourg, Rouen et tant d’autres.

 

 

Une nouvelle population

On parle alors de « boboïsation » des grandes villes françaises. Mais qui sont ceux qu’on appelle (à tort) des « bobos », des bourgeois-bohèmes, nouveaux bourgeois certes, mais bohèmes sûrement pas. Du moins pas dans leur vie professionnelle. Au mieux on se donne un genre détaché de tous biens matériels, mais on habite en centre ville là où le m² est le plus cher, et on émarge à plus de 4.000 €, ce qui, d’après les critères édictés par François Hollande en version 2007, vous classe parmi les riches.

Ces « bobos » travaillent principalement dans le Public, dans la « com » ou la culture, et ça tombe bien car si la gauche cartonne dans les grandes villes c’est parce que celles-ci alignent généralement tout ce qu’il se fait de mieux et de mieux rémunéré en matière d’emplois publics : conseil régional, conseil général, mairie à tiroirs avec services détachés et rattachés, ces trois administrations cumulant des effectifs de communication pléthoriques, préfecture, académie, universités, CHU, centre régional des impôts, tous les tribunaux… bref de là à dire que les plus gros salaires de la Fonction Publique votent massivement à gauche, il n’y a pas loin. 

Vote de gauche pour le Parti Socialiste et pour les mouvements écologistes, car le « bobo » circule à vélo ou en tram, normal, son job est en ville et il vit en ville.

 

 

Le « bobo » et le « prolo »

Le « prolo » (qui lui aussi peut voter à gauche mais pas pour les mêmes raisons), ne saura jamais ce que fut la misère sous Sarkozy avec « seulement » 5.500 euros mensuels. D’ailleurs il n’a pas le temps d’y penser, il habite en banlieue, il prend sa voiture tôt le matin (c’est donc un pollueur !) parce que le train ne passe pas chez lui, ou pas aux bonnes heures, on dit même que parfois, par réaction épidermique, il vote pour un ou une Le Pen. C’est dire si c’est un autre monde !

Le « bobo » dîne en ville, il va au spectacle, même si c’est un truc chiant, et surtout si le C.E. de son administration a des tarifs sympas, il écoute du jazz parce que ça fait intelligent, il est pour le mélange des cultures, d’ailleurs il ne comprend pas pourquoi le « prolo » ne supporte pas les 48 nationalités différentes de son quartier-ghetto de banlieue, et pour les vacances il part loin en avion… l’auto c’est trop ringard et ça pollue ! Retour au « prolo » qui va en camping ou en location, genre 12 m²  à Pallavas-les-Flots.

Le « bobo » trouve Vincent Peillon très intelligent et considère Sarkozy comme un vulgaire voyou, il a voté Hollande par défaut, lui il voulait DSK, c’était plus dans son standing de gauche humaniste qui fait croire qu’elle penche au centre gauche. 

Bien sûr, autrefois, dans le temps comme on dit, le candidat du Parti Socialiste était un « petit prof », mais que voulez-vous, il faut vivre avec son temps. Et puis, c’est quand même plus rassurant de voter pour quelqu’un dont le salaire est passé de quatre à cinq chiffres. Il a les mêmes économies que vous !

Alors après on peut se poser des questions, celles que le « prolo » se posent parfois, et le pauvre il n’a pas la réponse : pourquoi ce « bobo » qui a un job garanti à vie, qui partira à la retraite avant tout le monde et avec la meilleure pension, qui a un salaire au-dessus de la moyenne (parfois très au-dessus), qui a accès au crédit plus facilement que les autres, qui habite un bel appartement proche de son travail, pourquoi vote-t-il socialiste ? Parce que c’est le parti qui défend les opprimés, les pauvres, les chômeurs, les immigrés… des gens dont il a entendu parler mais qu’il ne côtoie que très rarement. Heureusement que le parti est là pour lui rappeler qu’ils existent, quelque part où il ne va jamais bien sûr !

 

J. Nimaud

 
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