« La naissance de Vladimir Poutine fils fut un autre miracle, tellement improbable qu’il a donné lieu à une rumeur persistante selon laquelle le petit garçon avait été adopté. » L’histoire aura souvent été reprise par certains médias et auteurs, une femme a même prétendu l’avoir confié aux services d’adoption, bien plus tard.
Serait-ce pour cette raison que Poutine passe pour un solitaire ? Pourtant, c’est le même homme qui dira à son ami violoncelliste lors de son intégration au KGB, « je suis spécialiste en relations humaines. »
Le KGB, l’autre famille de Poutine, l’autre famille avec la nation, l’Union Soviétique, car l’homme est farouchement attaché à la puissance de son pays. La chute du Rideau de Fer, il la vivra en RDA alors qu’il était en poste à Dresde. Années peu glorieuses quand un agent du KGB vivait moins bien qu’un agent de la Stasi, années peu glorieuses de la fin de l’Empire. « Tout ce pour quoi Poutine avait œuvré était remis en cause ; tout ce à quoi il avait cru se trouvait bafoué. » L’Europe de l’Est toute entière basculait dans le camp de l’ennemi, celui de la démocratie, les gardiens du temple ne pouvaient l’admettre sans réticences.
Pour Poutine ce sera le retour à la maison, à Saint-Pétersbourg, où très vite il va grimper les échelons pour se retrouver adjoint du maire – un temps démocrate -, le fameux Sobtchak. Puis Moscou va l’appeler, il y croisera Bérézovski, Gorbatchev et Eltsine. Les réformateurs vont engendrer un nouveau dirigeant à poigne de fer, l’ascension de Poutine sera alors fulgurante.
A travers cette biographie, Masha Gessen nous peint le portrait d’un homme froid, calculateur, ambitieux, mafieux, et pour qui tous les moyens sont bons pour arriver au pouvoir et le garder, y compris étouffer toute forme de contestation. On sent que le peintre n’aime pas trop son modèle…
LE CHRONIQUEUR
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