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L’étau mortel

24/06/2012
Depuis le 17 juin, l’UMP a des doutes : a-t-on utilisé la bonne stratégie vis-à-vis du Front National ? Et le débat, forcément, empiète à la marge, au centre où bien sûr il est hors de question de se déshonorer en évoquant cette question, parce qu’il n’y a pas à débattre.
Certes, il n’y a pas à débattre sur le fond même car, on le sait, ce parti est une création de la gauche initiée par François Mitterrand, une machine à faire perdre la droite chaque fois que cela est possible. Et ce fut possible, à l’occasion d’élections nationales en 1988, en 1997, et en 2012, cette fois-ci il y avait même comme un doucereux fumet de revanche qui venait d’un fond de sauce cramée par Sarkozy en 2007. Et si, depuis le début des années 80, le Front National a pu déranger la droite lors des législatives, on ne peut oublier toutes ces élections locales où les triangulaires furent dévastatrices pour le RPR, l’UDF, puis l’UMP.

 

 

Un étau mortel

Oui, le FN est la création du Parti Socialiste car par trois fois en vingt-quatre ans il lui a donné les clés de la majorité, même si cette fois-ci, reconnaissons-le, le potentiel nuisible de l’extrême droite fut largement atténué par une autre calamité nuisible pour la droite, l’abstention.

Mais à chaque élection, le débat revient sur le métier, et la droite dite républicaine, UMP et centre droit, se retrouve mise à l’épreuve par le parisianisme médiatico-gauchisant qui soupçonne cette même droite des pires mauvaises intentions, et ce avant même qu’elle n’ait bougé le moindre petit cil. Mais Paris n’est pas la France !

En fait, cet étau mortel est celui d’une famille, les Le Pen, père, puis fille, et voici qu’on nous sort d’un chapeau provençal la petite-fille. C’est dire si l’UMP ou l’appellation qui suivra en a au moins pour quarante ans à se coltiner la famille Adams version politique française. Quant à la gauche, entre triangulaires et abstention record, elle se tricote une majorité une maille à l’envers, une maille à l’endroit, elle peut espérer encore gagner avec seulement 15% des électeurs inscrits. Comme le rappelait récemment au micro de France Inter le maire de Villeneuve-Lès-Avignon, l’UMP Jean-Marc Roubaud, « dans ma circonscription la droite fait 56%, mais c’est le socialiste qui gagne ! » CQFD.

 

Existe-t-il un mode d’emploi ?

Bien évidemment, il a déjà servi en 2007 lorsque Nicolas Sarkozy a siphonné les voix de Jean-Marie Le Pen pour se faire élire avec 53% des suffrages. Il ne s’est jamais adressé au Front National, il n’a passé aucun accord, même verbal, il a avancé quelques propositions en matière de sécurité et de lutte contre la violence dans les banlieues et les trafics divers, propositions qui ont été entendues, non pas par les adhérents du FN, mais par les électeurs de ce parti, électeurs qui ne partagent pas ces fameuses « valeurs » qui font débat, mais qui furent séduits par le discours de Sarkozy. Le problème, c’est qu’une fois élu, le Président a totalement oublié ces promesses sécuritaires, préférant aller débaucher à gauche des hommes et des femmes qui n’ont pas ramené une voix à l’UMP en 2012.

Et l’addition se paie cash, en mai dernier, Marine dépasse de plus de trois millions de voix le score réalisé par Jean-Marie cinq ans auparavant. Et la victoire potentielle de Sarkozy était bien enfouie sous ces trois millions de suffrages. Là encore : CQFD !

On comprend aisément que ce n’est pas en racolant sur le trottoir, à la hâte et dans l’urgence les électeurs du Front National que l’UMP reviendra aux affaires. C’est en travaillant sur un programme qui saura démontrer que la prise en compte des véritables problèmes des Français a été enregistrée, clairement, et ce après des débats internes menés au sein de tous les courants de cette droite républicaine. Et si après débat certaines chochottes ont des vapeurs, soit elles quittent la partie pour aller ailleurs ou entrer en minorité silencieuse. Mais ce qu’il s’est passé entre les deux tours des législatives ne doit plus jamais arriver, car à ce jeu de massacre c’est toujours le PS qui l’emporte ! On ne change pas de politique, ni d’alliances, en huit jours juste pour sauver quelques députés. Ou alors, c’est plus grave que je le pense…

 

Une force de conviction

« Il nous faut réapprendre à être minoritaire, à être modeste », avoue Marc Le Fur, rare député UMP réélu en Bretagne. Certes, il a raison tout de suite à la lecture des résultats, de surcroît un peu de modestie ne fait jamais de mal, mais est-ce que la droite est vraiment minoritaire en France ? Quand on vote à 80%, j’en doute…

Ce qui manque à l’UMP aujourd’hui, et depuis pas mal de temps déjà, c’est une force de conviction globale, un élan qui entraîne les électeurs, qui leur donne envie de faire un bout de chemin avec vous. Regardez, le Parti Socialiste fait croire aux pauvres qu’ils seront riches et aux écolos qu’on va fermer les centrales nucléaires ! Et ça marche. Ils gagnent avec des bobards qu’ils n’arriveraient même pas à faire entrer dans un fourgon. Voilà une force de conviction globale, un élan…

Pour échapper à cet étau, il faut retrouver l’écoute des gens, ceux qui vivent au quotidien cette violence physique ou verbale parce qu’ils n’ont pas les moyens d’aller ailleurs. Et surtout arrêter de s’apitoyer sur les conditions de vie de salopards haineux, de voyous prêts à tout pour assurer leur train de vie faramineux mais non déclaré, des fois qu’on leur coupe le RSA, la CMU et les allocations logement. 

Alors bien sûr, on ne fait pas un programme uniquement avec les problèmes de sécurité, mais l’UMP sait que c’est sur ce terrain-là que l’attend la famille Le Pen, et si jamais le parti ne trouve aucune réponse crédible, la prochaine fois le FN fera entrer 150 députés à l’Assemblée. Et la gauche gagnera à nouveau.  

Il est là « l’étau mortel » !

 

Fernand Hurt

 
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