Le monde de Sira a longtemps tourné lentement autour de quelques présences qu’elle croyait fermes et impérissables dont la plus solide était celle de sa mère, première main d’un atelier de couture fréquenté par la bonne société de Madrid. Son père, elle ne le connaissait pas, il avait une autre famille. Sira est née en 1911, elle grandit dans un « environnement modérément heureux ». A douze ans, elle quitte l’école et elle suit son « sort naturel », celui d’apprentie couturière dans l’atelier de sa mère. Elle a des doigts agiles, elle apprend très vite. Elle a vingt ans lors de l’avènement de la République. Les temps sont difficiles, elle rencontre Ignacio, ils parlent de mariage, il réussit son concours d’entrée de la fonction publique et la convainc d’apprendre la dactylographie pour être fonctionnaire. Et c’est l’achat d’une machine à écrire qui va signer l’arrêt de mort de son union future et infléchir la direction de son avenir à jamais.
Car elle rencontre Ramiro, un homme spirituel, sensuel, optimiste, dynamique, généreux. Il lui fait découvrir un Madrid différent, à mille lieux de la misère, celui de la nuit. C’est l’amour fou. Elle le suit à Tanger. Mais Ramiro l’abandonne sans un sou. Elle échoue à Tétouan, grevée de dettes, accusée d’escroquerie en Espagne, elle ne peut donc pas y retourner. Elle est sans nouvelles de sa mère, la guerre civile ravageant son pays. Alors elle va faire la seule chose qu’elle sache faire : coudre. Grâce à une amie, Candelaria la Contrebandière, elle monte un atelier de couture. Ici dans le Protectorat espagnol, il existe une clientèle fortunée et lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, les riches expatriées se précipitent « Chez Sirah », la couturière aux doigts d’or, notamment des allemandes, ce qui va fortement intéresser les Services secrets britanniques. Sira sera espionne…
Un très beau portrait de femme et un extraordinaire roman d’espionnage, historique, politique, l’un des meilleurs de cet été.
LE CHRONIQUEUR
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