Miroir, miroir, suis-je encore la plus belle ? Giscard voulait regarder la France dans les yeux, François Hauter regarde la France dans sa globalité : ses atouts, son charme indéniable, sa richesse culturelle, mais aussi ses travers, ses peurs, ses lâchetés, ses incohérences… « En France, les poses comptent davantage que les réalités. C’est triste à dire : deux siècles et quart après 1789, l’esprit révolutionnaire a dégénéré. L’idéal s’est désincarné en gesticulation. Il sert à justifier la défense d’intérêts particuliers. » C’est bien le pire qui pouvait nous arriver, et c’est justement ce à quoi nous assistons à chaque tentative de réforme. Nous sommes, parait-il, les héritiers des Lumières. A mon avis, il y en a un qui a dû éteindre en sortant !
La France modèle, la France exception, voilà bien une histoire à raconter à nos enfants et petits-enfants. A force de refus et de nombrilisme, il ne nous restera bientôt que le statut de plus beau village du monde. Oui, la France est belle, son patrimoine est exceptionnel, sa culture a éclairé le monde entier, et François Hauter nous convie à une sorte de Tour de France de nos us et coutumes, de nos déchirements face à cette mondialisation qui nous a pris par surprise, de nos traditions qui ont tendance à s’internationaliser, et de notre souhait de pouvoir intégrer la Fonction Publique, le nouveau graal laïc et républicain… avec les vacances, puisque d’après l’auteur, les Français ne songent plus qu’à plier les gaules : « Travailler moins, reculer, s’appauvrir… le lien de cause à effet est limpide. »
Le bonheur d’être Français est un vrai bonheur, certes, mais attention que l’extase ne se transforme pas un jour en beaux souvenirs d’un autre temps.
LE CHRONIQUEUR
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