Saint-Trop’ et Bandol
Il y a le ciel, le soleil et la mer et toutes les chansons d’été (du moins quand il y en avait !) pour accompagner ces deux « seigneurs » de la Côte d’Azur… côte rosée.
Le premier, le Château de Pampelonne rosé 2011 des Maîtres Vignerons de la Presqu’île de Saint-Tropez (83580 Gassin) est annoncé avec « vue imprenable sur la mer ». Si on ajoute qu’il est le plus proche voisin de la plage de Pampelonne (il est même né sur des sols sableux !), on comprend aisément que ce rosé issu d’un assemblage qui joue en sextet (Grenache, Cinsault, Mourvèdre, Syrah, Carignan, Tibourene) a quelque chose de rare. Déjà, sa robe d’un rose clair saumoné et son nez qui rappelle les marchés de Provence de Monsieur Bécaud, nous mettent dans le meilleur des états. Et côté bouche, c’est mûr, abouti, avec des fruits confits et de la fraîcheur, voilà un must pour des rougets ou un agneau aux herbes (10,30 €).
Quant au second, lui aussi enfant du Var, c’est le rosé AOC Bandol « Domaine de la Nartette » proposé par le Moulin de La Roque (83330 Le Castellet), belle maison dont nous connaissons l’élégance des vins rouges, et par ailleurs l’un des premiers producteurs de l’appellation.
60% Mourvèdre avec en plus Grenache et Cinsault, voici encore un rosé habillé rubis tendance ambrée, aromatique sans en faire trop, il sait mettre en avant son côté sec et un brin épicé qui va jouer avec la fraise comme pour nous taquiner, puis la puissance arrive, comme ça, comme une caresse pleine de persuasion. Et tout devient long avec la fraîcheur souhaitée. On l’imagine avec une cuisine régionale, régionale du sud bien sûr (12,10 €).
Un blanc de Gascogne
« Les Tourterelles Blanc Sec » cotisent au club IGP Côtes de Gascogne, là où Colombard et Ugni blanc font merveille dans le verre. Et ce blanc proposé par la Maison Rigal (46140 Parnac), que l’on connaît pour ses richesses labellisées Cahors, sera un excellent prétexte pour démarrer l’apéritif, car ce blanc associant fleurs blanches et agrumes, a des expressions vives et fraîches qui le mettront à l’aise durant toute la saison d’été. Après l’apéritif, nous apprécierons sa disponibilité pour œuvrer en duo avec un plat de crustacés ou de poissons grillés (4,50 €).
Domaine de Cibadiès
Nous pourrions reprendre notre périple par le Canal du Midi pour une halte programmée à une centaine de kilomètres à l’ouest de Béziers au Domaine de Cibadiès des Vignobles Bonfils (34310 Capestang) qui possèdent de belles maisons en Languedoc et dans le Bordelais.
Languedoc… donc, mais voici un Sauvignon blanc classé Pays d’Oc en IGP, un Sauvignon qui passerait ses vacances au bord de la Méditerranée. Sa robe « luisante » laisse augurer un peu d’exotisme, on ne sera pas déçu, et le tajine aux abricots convoqué de ce pas appréciera le geste. Equilibre, fraîcheur, voici un blanc sec qui a beaucoup appris en se frottant à un climat qui n’est pas forcément dans son ADN. Ce Sauvignon sera parfait avec des coquillages… faute de tajine (5,95 €).
A noter que le Domaine propose également un 100% Chardonnay (5,95 €), rond et sûr de lui, né pour l’apéritif.
La Tour de By
Le Château La Tour de By (33340 Bégadan) fait face au phare de By bâti il y a près de deux siècles. Ici, nous sommes à quelques centaines de mètres de la Gironde, entre l’océan et l’estuaire. Dans le « 33 » donc, en plein Médoc. Et on fait aussi du rosé en Médoc à l’instar de ce 100% Cabernet Sauvignon du millésime 2011.
Robe d’un rose profond, on dit « corail », un panier de fruits pour les arômes où l’on retrouve, entre autres, la fraise et l’ananas, et beaucoup d’élégance et de volupté en bouche avec une belle longueur qui se termine par un bouquet d’épices. Un rosé pour tout un repas, le conseil maison va des gambas grillées au Saint-Félicien en passant par le poulet rôti aux herbes. Chiche ? Oui, oui, oui ! (5,70 €).
Vendanges Tardives en Alsace…
Cuvée Sainte-Catherine 2009 en Gewurztraminer Vendanges Tardives, voici l’arrivée de l’ambroisie, celle des dieux et non pas de nos chemins mal entretenus. Un nectar aussi rare qu’un lingot de la Banque de France. Du lingot il en a le doré, et ce qui suit ne sera qu’une succession de saveurs complexes et envoûtantes : le fruit, les épices (gewürz signifie d’ailleurs épice), encore le fruit mais désormais confit, un petit bouquet de fleurs pour faire plaisir, un brin de muscade car il y a de la cuisine à suivre, et voici venir cette puissance retenue par un souffle de fraîcheur, en arrière poste certes, mais très efficace. On se met à songer au prochain foie gras qui va passer pas très loin, mais aussi, pourquoi pas, à une escapade culinaire exotique, relevée et épicée. Ce vin, proposé par la Cave des Vignerons de Pfaffenheim (68250 Pfaffenheim), pourra se garder plus de vingt ans ! (12,50 € la bouteille de 37,5 cl).
Champagne Brice
« Le complice pétillant des beaux jours » à la manière de la maison Champagne Brice (51150 Bouzy). Et le complice du moment est un Brut Rosé issu à 100% de Pinot Noir. Ce qui sera confirmé en découvrant sa robe d’un rose intense, profond. Brice Brut Rosé est un peu bonbon anglais par ses origines fraise-framboise, mais un bonbon pour les grands, ceux qui auront le droit d’aller au-delà, c'est-à-dire de goûter à cette bouche pleine, gourmande, entreprenante et experte… Oui, il y a de la présence et de la fraîcheur, le tout souligné en pointillés par des bulles jaillissant comme un feu d’artifice. Un très beau Champagne (26,80 €).
La Maison Ogier, bien dans son « Châteauneuf » !
Ce vignoble, dominé par le château servant de résidence d’été aux papes d’Avignon à partir de Jean XXII, ce qui favorisa son développement, est connu notamment pour ses 13 cépages. Le grenache y est majoritaire, et est le plus souvent associé à la syrah, au Mourvèdre, au Cinsault, au Muscardin, à la Counoise, à la Clairette, au Bourboulenc, ou encore à la Roussanne, au Picpoul, au Picardan, au Vaccarèse, au Terret noir. Aussi importants que les cépages sont les sols, au nombre de quatre, bien distincts : galets roulés, éclats calcaires, grès rouges et safres. Ils marquent de leur empreinte les vins.
Au cœur de ce vignoble, il est une belle maison : Ogier. Fondée en 1859, reprise en 1994 par le groupe AdVini, qui n’a eu de cesse d’en faire le premier site d’élevage de la vallée du Rhône méridionale, mis également un lieu dédié au vin, un espace ouvert. Aujourd’hui Ogier est un nom incontournable dans ce vignoble, mais également dans le paysage viticole, car sur l’ensemble de la vallée du Rhône, Ogier totalise une production de 9 millions de bouteilles, dont un million, soit 10% de l’appellation en Châteauneuf-du-pape avec pour fleuron le Clos de l’Oratoire des Papes, dont l’étiquette art-déco n’a pas changé depuis 1926.
Pour mieux comprendre l’influence du terroir sur le vin, la maison Ogier a eu l’idée de créer, en partenariat avec des vignerons du cru, une cuvée presque exclusivement composée de Grenache (90% et 10% d’autres cépages), provenant de vignes d’une moyenne d’âge de 40 à 50 ans, élevé 12 mois en cuve tronconique de chêne de 12 ans. Ainsi le Châteauneuf-du-pape rouge « Safres » 2010, à la robe intense rubis, un vin d’une grande finesse, au nez soyeux, à la bouche très élégante, veloutée, un vin idéal avec de l’agneau (25,00 €). A découvrir aussi le « Grès rouges », le « Galets roulés » et le « Eclats calcaires ».
Ogier est une maison ouverte dans un site protégé, située dans un parc ombragé où l’on a reconstitué les quatre terroirs plantés des cépages les plus marquants. La visite se poursuit par les caves moyenâgeuses, l’Espace découverte. Un lieu plein de charme, de sérénité que l’on doit à Jean-Pierre Durand, Pdg qui a fait de cette grande maison, une maison à dimension humaine, respectueuse de la nature et des hommes, à découvrir sur la route de vos vacances.
Ogier, 10 avenue Louis Pasteur, 84230 Châteauneuf-du-Pape
Notre-Dame-de-Cousignac
Au confluent du Rhône et du Vivarais, il est un lieu qui fait écho à la philosophie développée par Ogier, puisque les maisons sont associées, c’est le domaine de Notre-Dame-de-Cousignac, situé en vignoble ardéchois, un écosystème protégé par sept générations de Pommier. Depuis le VIè siècle la chapelle dédiée à Notre-Dame veille sur les terres, un domaine aujourd’hui de 60 hectares en culture bio certifiée en appellations Côtes du Rhône Villages, Côtes du Rhône, Côtes du Vivarais, Vin de Pays de l’Ardèche.
Du soin apporté aux vignes, bêchage, taille, éclaircissage, à la vinification et l’élevage, sans intrant, en passant par les vendanges, manuelles bien sûr, tout ici se fait selon un savoir-faire qui se transmet de génération en génération, dans le respect de la nature. Car la nature y est généreuse, pour preuve ce vin, Côtes du Vivarais blanc bio, Cuvée Parcelle Nord à 7,00 € départ cave, (Grenache blanc, Marsanne, Clairette) pour un apéritif, un casse-croûte entre amis sur une terrasse inoubliable.
Raphaël Pommier accueille toute l’année dans ses chambres d’hôtes, l’occasion parfaite de comprendre sa philosophie. Il vous expliquera qu’on accouche d’un millésime après que la nature a travaillé pendant neuf mois, comment on élève cet enfant…
Domaine Notre-Dame-de-Cousignac, Quartier Cousignac, 07700 Bourg St Andéol – www.notre-dame-de-cousignac.com
LE CHRONIQUEUR
Les Commentaires