« Si Péan avait été supprimé, si l’opération dont j’aurais plus tard les détails avait fonctionné, je n’aurais jamais su. Pis, cette force obscure serait devenue une pièce fermée à mon intelligence. » Jean Grégor a soudainement eu besoin de parler de cette « ombre en soi, mouvante, mais qui jamais ne disparaît », d’aller à la recherche de ce père avec lequel il a vécu une enfance normale dans un environnement qui ne l’était pas toujours. Car autour de la maison familiale, il y avait bien plus que des ombres qui rôdaient, mais des seconds couteaux bien réels envoyés par des gens peu scrupuleux et que les écrits de Péan dérangeaient au plus haut point… au plus haut de l’Etat. Il faut dire que ce père n’était pas un personnage arrangeant, vous l’aurez compris, ce Péan est le célèbre journaliste d’investigation et entre autres auteur de livres parfois sulfureux comme ces « Affaires africaines » publiées à la fin de l’année 1983 et mettant en cause les rapports particuliers liant la France à certains pays et dirigeants d’Afrique. De surcroît, ce brûlot sortait après seulement deux années de gouvernance mitterrandienne.
Attention, le fils n’écrit pas une biographie sur son père, sa vie son œuvre, il cherche avant tout à comprendre comment un homme dont la tête a été mise à prix peut se lier d’amitié avec celui qui devait l’exécuter. Il lui faudra donc retourner sur les pas de Pierre Péan, en Afrique, là où tout a commencé côté Gabon, et où l’attend le fameux et mystérieux Jean-Michel, celui qui aurait pu devenir le bourreau.
L’ombre de soi avec les ombres de Mitterrand, de Bongo, de la finance, de pas mal de politiques de ces trente dernières années, de droite comme de gauche, qui tous pourraient avoir rendez-vous quelque part entre Paris et les rives du fleuve Ogooué…
LE CHRONIQUEUR
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