Raymond a toujours voulu devenir écrivain, rêvé d'être Hemingway. Il a pratiqué tous les petits métiers et il écrit des nouvelles. Et il boit. L'écriture et le whisky font bon ménage chez lui. Il vit avec Marianne qu'il a épousée très jeune, elle était enceinte. Marianne qui a abandonné de brillantes études pour lui et pratique plusieurs boulots pour faire vivre la famille et lui permettre d'écrire. Sa rencontre avec Douglas sera décisive. Douglas est directeur littéraire d'un magazine. Il réécrit les nouvelles qu'on lui envoie, fait des coupes, il doit sa réputation à son habileté à tailler dans les textes qu'il publie. Dans le métier on l'appelle « Ciseaux ». Il est un équarrisseur, « un ventriloque littéraire ». Il a un besoin vital de lire de bonnes nouvelles et est prêt à les chercher au bout de la nuit. Lorsqu'il lit Raymond, il comprend immédiatement qu'il tient là son auteur. Les relations entre les deux hommes seront difficiles car Douglas taille dans les vif et se permet même de changer la fin de ses textes. Mais le succès sera au bout. L'amour aussi avec sa rencontre avec Joanne, celle qui l'aidera à se sevrer de l'alcool.
Raymond, c'est bien sûr Raymond Carver, le nouvelliste américain adulé disparu en 1988, Marianne est Maryann Burk, Douglas est Gordon Lish, l'éditeur roi du minimalisme et Joanne est la poétesse Tess Gallagher. Stéphane Michaka nous les fait revivre à travers ce roman très original à plusieurs voix que l'on a du mal à quitter et qui ne vous donne plus qu'une envie : celle de lire ou relire les nouvelles de Carver, celles éditées par Lish et les textes originaux parus il y a quelques années, qui décrivent un monde d'ennui, de désespoir, des vies gâtées, ratées.
LE CHRONIQUEUR
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