Peut-on mourir deux fois pour la même raison ? Un ennui terrible qui vous murmure à l’oreille vos échecs, votre inaptitude à la vie, votre solitude, un ennui qui vous conduit un jour sur une voie ferrée à la rencontre du clap de fin ? Peut-être. Mais parfois le destin hésite parce qu’il a des choses sûrement plus importantes à régler. Patience, il reviendra…
Judith a voulu mourir et c’est le conducteur de la locomotive, Paul, qui va la sauver, l’emmener loin de cette peur d’être seule, de ne servir à rien. La locomotive est l’action face à ce renoncement. Et c’est Paul qui la dirige. Merveilleux, pense-t-on.
Nous sommes en Suisse, Judith l’institutrice sauvée va suivre son sauveur dans une ville perdue au bout de tout et de rien, de surcroît en Suisse : il n’y a rien de pire…
Mais la vie est toujours plus forte, on cherche à s’aimer, on se trouve attirants, il doit faire bon chez cet homme bon. Sauf que Paul a déjà perdu une femme, qu’il a une fille et une famille. Pour Judith, ce sera à chaque moment distribution de critiques et autres humiliations. Cette belle-famille – où il n’y a que des femmes ! – n’aime pas l’intruse. Et puis Paul boit. Beaucoup. Il devient violent, il n’est peut-être pas cet homme bon et attentionné que Judith espérait naïvement. Qu’espérait-elle d’ailleurs ?
Alors elle repartira en errance pour trouver sur son chemin un jeune homme, très jeune, un de ses élèves. Ainsi, tout pourra à nouveau basculer, même si on sait déjà que « Paul et Judith n’ont plus de vie intime. Ils n’en ont jamais vraiment eu. Ca n’a pas d’importance. » D’ailleurs plus rien n’a d’importance, il faut juste que Judith trouve une autre voie… pour un autre clap de fin. Le vrai cette fois-ci.
LE CHRONIQUEUR
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