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Le guide des rouges d’automne (suite)

16/10/2012
Voici le second volet de notre balade automnale à travers le vignoble français vu côté rouges, rouges légers, puissants, aromatiques, tanniques, boisés… tous les goûts sont en cave. Laissez-vous donc tenter.

 

La Mondeuse de Savoie

Nous débutons ce périple dans un cadre plutôt surprenant pour du rouge car le décor sera celui des montagnes alpestres. Nous sommes en Savoie, là où le cépage Mondeuse marque son territoire chaque année davantage. Ici, les vins rouges représentent désormais un tiers de la production totale, et certains vignerons proposent des produits d’excellente qualité à l’instar de cette Mondeuse 2011 « Arbin Harmonie » de la Scea Les Fils de Charles Trosset (73800 Arbin), bien charpentée et qui accompagnera dignement charcuteries et petits gibiers (12,00 €), et de cette autre Mondeuse « Elisa 2011 » de la Maison Quénard (73800 Chignin), un rouge de Savoie au caractère complexe par son côté épicé et un tantinet exotique (11,50 €).

 

A l’autre bout, le Madiran

C’est quasiment le grand écart car nous prenons la direction du sud-ouest. 

Le « Château Peyros Vieilles Vignes 2008 » est proposé par Laubade & Domaines Associés (33240 Saint André de Cubzac), c’est un Madiran bien dans ses traditions avec 80% de Tannat, un vin à la robe d’un rouge soutenu, généreux avec ses arômes de cassis et cerise, on s’attend ensuite à déguster un vin corsé, puissant, riche en tanins, on ne sera pas déçus… Les magrets de canard non plus, tout le monde appréciera l’accord, y compris les fromages relevés (9,50 €).

 

En Val de Loire

Autre région où les vins rouges sont parfois d’une rare élégance, c’est le Val de Loire, bien sûr on songera aux Saumur Champigny, Anjou, Chinon et autres Saint-Nicolas de Bourgueil, et c’est justement cette dernière appellation qui nous intéresse avec ce Cabernet Franc proposé par la maison Ackerman (49412 Saumur), un vin qui présente les mêmes caractéristiques que son cousin Bourgueil avec peut-être davantage de fermeté et de complexité : fruits rouges, épices, tanins souples et veloutés, et toujours une certaine fraîcheur en bouche et un soupçon de réglisse pour conclure, voici un rouge que l’on appréciera avec une belle côte de bœuf dite marchand de vin (6,50 €).

Autre rouge du Val de Loire, un Coteaux du Vendômois né d’un assemblage unique, Pineau d’Aunis, Cabernet Franc et Pinot Noir, un « Prestige 2011 » élevé par les Vignerons Vendômois (41100 Villiers sur Loir), un rouge charnu et gourmand que l’on imagine encore en grappes. Sa robe est couleur cerise, son nez est cerise avec une note réglissée, il est l’équilibriste recherché pour passer en revue chaque plat du repas, rien ne va le déranger… et nous non plus ! (6,00 €).

 

Les Terrasses du Larzac

La région est sauvage, elle a eu son heure de gloire dans les années 60 et 70 lorsque les mouvements contestataires tenaient le pavé… et le maquis, mais elle est aussi en train de se faire une place remarquable dans le landerneau viti-vinicole avec ses 2.000 hectares de superficie représentés par 32 communes et qui regroupent une cinquantaine de caves particulières et cinq caves coopératives. Les Terrasses du Larzac font partie des AOP Languedoc, voici deux exemples de cette production plus qu’intéressante…

Le premier nous vient du Domaine des Conquêtes (34150 Aniane), il s’agit des « Convoitises 2009 », un rouge issu d’un assemblage classique, Syrah, Grenache et Mourvèdre préparé pour vous par Philippe Ellner, un ex-vigneron champenois conquis par ce bout de Languedoc qui a des allures de Sud sauvage et pauvre, et pourtant si généreux. « Les Convoitises » sont irrésistibles, ce qui franchement paraît évident, c’est le vin gourmand, ouvert, mais avec un brin de subtilité, qui va nous ravir, d’autant qu’à 10,00 € on a déjà l’impression d’avoir réalisé l’affaire de la rentrée.

« Pica Broca », c’est le 50/50 Syrah et Grenache du Domaine la Sauvageonne (34700 Saint Jean de la Blaquière) aujourd’hui propriété de Gérard Bertrand, vigneron négociant en Languedoc. Son domaine se trouve au pied du Causse du Larzac, son vin est signé : épices, fruits rouges, garrigue, des cépages à l’aise avec des amplitudes thermiques pouvant atteindre plus de 20 degrés entre le jour et la nuit en plein été, rien d’étonnant à retrouver puissance et dynamisme avec ce rouge qui annonce une capacité de garde de quinze années (12,00 €).

 

Caractères d’Ardèche

Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages, Côtes du Vivarais et Vins de Pays des Coteaux de l’Ardèche, les rouges d’Ardèche sont multiples mais toujours marqués par un terroir rustique qui côtoie, selon la situation, le pin maritime, l’olivier, le chêne truffier ou le châtaignier. Quant aux cépages, ils peuvent être girondins façon Merlot et Cabernet, extrêmement régionaux avec la Syrah, voire très septentrionaux avec le Gamay ou encore uniques en faisant appel au Chatus, comme on le découvre avec cette « Terre de Châtaignier 2009 » produite par UVICA Vignerons Ardéchois (07120 Ruoms), un Ardèche rouge IGP du versant méridional. Le Chatus est seulement utilisé sur les terrasses cévenoles exposées plein sud.

Aromatisé, agréablement boisé, on retrouve ici, entre autres, des arômes de figues et de pruneaux, on le dira charnu, très masculin, il sera parfait avec les gibiers de saison (6,70 €).

Autre exemple, majoritairement Grenache (avec de la Syrah), c’est le Côtes du Rhône « 3 saints Bio 2009 » du Cellier des Gorges de l’Ardèche (07700 Saint Marcel d’Ardèche), issu donc de la viticulture biologique. Sa robe tire sur le violet, son nez est ostensiblement fruits mûrs, très mûrs, on aime son côté frais et glissant en bouche. A conseiller avec des magrets et des fromages goûteux (5,30 €).

Et un troisième, un IGP « Les Saveurs d’Ardèche épicées 2009 » des Caves Vivaraises (07200 Saint Etienne de Fontbellon), assemblage Grenache, Syrah et Merlot, voici un vin qui a dû connaître un buisson de mûres, un vin appétissant avec des tanins discrets mais efficaces, et qui ne boude pas le fruit. Très agréable avec une viande grillée (6,50 €).

 

A la Cave de Tain

Un classique de la Cave de Tain (26600 Tain l’Hermitage) c’est justement le « Cornas Classique » dans son millésime 2008, Syrah à 100% bien évidemment. Ce « très bon vin noir » issu d’un minuscule terroir sur la rive droite du Rhône en face de Valence, nous étonnera toujours entre ses arômes fortement épicés, son côté tannique, sa puissance raffinée et son bouquet de fraîcheur offert pour le plaisir. C’est le grand rouge de la Vallée du Rhône, on peut aisément le comparer à un Hermitage ou une Côte Rôtie, surtout s’il est en grande forme (15,70 €).

Nous traversons le fleuve pour découvrir du nouveau à la Cave de Tain, le Crozes Hermitage rouge 2011 issu de raisins biologiques. C’est le vin à croquer, facile, sans complexe, qui travaille dans le fruit, puis se permet de passer au tabac avant de conclure en vanille, il est frais et très agréable avec des charcuteries ou encore quelques grillades sauvées de l’été (10,00 €).

 

 

 

 

 

Un duo en Fronton

Ceux qui se passionnent pour l’Histoire et notamment celle du Moyen-Âge, doivent savoir que le vignoble de Fronton fut fort apprécié par le pape viennois Calixte II qui le plaça sous sa protection après en avoir découvert sa production lors du Concile de Toulouse en 1119, et ce avant de le donner aux Chevaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, on évoquera donc ces fameux Templiers. Ce sont eux qui d’ailleurs introduisirent ici ce cépage unique au monde, la Négrette, cépage que l’on ne trouve qu’entre Toulouse et Montauban, sur le vignoble de Fronton plus précisément.

Dans la région, l’une des vedettes est le Château Bellevue la Forêt (31620 Fronton) que nous présentons depuis longtemps dans ces colonnes, un domaine créé par Patrick Germain dans les années 70 et que Philip Grant, un Irlandais, a racheté en 2008. Avec le rouge « La Forêt Royale 2008 », nous sommes à 55% de Négrette (le reste en Syrah). Cette Forêt Royale a du sang aristocratique dans ses tanins bien élevés, un brin retenus, elle rend également son bois mais de manière discrète, tout ceci pour nous avertir que puissance et longueur feront un bout de chemin avec nous… pourquoi pas en carrosse ? A garder quelques années, mais on peut également le mettre en carafe dès maintenant juste avant l’arrivée d’un cassoulet (8,00 €).

Le Château la Colombière (31620 Villaudrie) nous propose un autre partenariat avec la Négrette, le Cabernet sauvignon et le Cabernet Franc, les trois issus de vignes plutôt âgées, certaines ayant jusqu’à soixante ans, et ce pour nous mettre sur la table son rouge « Bellouguet 2010 ». Voilà un grand vin que l’on imagine né pour une oie rôtie de Noël, voire une côte de bœuf, un rouge immense, plein, qui laisse son histoire de nez en fin de bouche nous ravir le cœur et les sens, des arômes d’épices pour le voyage, des tanins habillés chic pour faire chic, de l’ampleur, du volume, de l’altitude sans jamais nous prendre de haut, on sait qu’il faudra bien redescendre à un moment ou un autre, mais le plus tard possible. C’est magnifique ! (17,00 €).

 

Au Domaine Brusset

Rouge de la Vallée du Rhône du côté de Cairanne (84290), cette petite commune du Vaucluse avec vue sur les Dentelles de Montmirail et le Ventoux. On y passe l’été quand on est Parisien, on y va aussi l’hiver quand on est Lyonnais, l’avantage de la province…

Deux rouges de la Maison Brusset, un Ventoux « Les Boudalles 2011 » né d’un quatuor, Grenache, Mourvèdre, Carignan, mais avec aussi 10% de Clairette. Et c’est bien un Ventoux comme on les aime, chaud, épicé, fruité, tannique et très rouge dira-t-on, un vin qui nous rappellera que tout n’est pas perdu côté météo, il suffit d’attendre puisque nous n’avons jamais été si près du printemps depuis aujourd’hui. Bref, un sacré bon numéro à 5,00 €.

« Laurent B. » c’est Laurent Brusset et c’est le nom de cette cuvée Côtes du Rhône majoritairement Grenache avec du fruit noir et de la pomme (y’en a aussi !) pour nourrir un vin qui a des envies de « très Sud », d’exotisme avec des épices stimulantes, la bouche est fraîche, sensuelle, on tenterait bien un mariage avec un tajine de poulet… en attendant le bon vieux Saint-Nectaire au goût de terre (6,00 €).

 

Les beaux Bordeaux

« Un millésime aujourd’hui à maturité » nous dit Arnaud Thomassin qui dirige désormais le Château de France (33850 Léognan) à propos de sa cuvée 2007.

Le Château de France est l’une des grandes maisons en Pessac-Léognan, l’AOC qui pousse encore aux portes de Bordeaux. 

Un millésime à maturité que l’on peut donc apprécier dès maintenant avec une viande accompagnée de champignons de saison, ou pourquoi pas avec une simple omelette aux cèpes et aux girolles… Cacao, épices, cuir mettent en scène cette complexité recherchée avant que ne vienne le moment de déguster ce rouge puissant et élégant aux tanins retenus (19,20 €).

Merlot à 80%, le Bordeaux Rouge 2009 d’Antoine Moueix (33330 Saint Emilion) s’annonce entre grenat et rubis avec des arômes fruités, on retrouve ici la cerise quasiment sur l’arbre, le vin est déjà bien structuré, il est peu corsé et suffisamment boisé, c’est un rouge tout en douceur qui plaira aux gibiers, terrines et fromages (12,00 €).

Bordeaux encore avec le Médoc « La Roque de By » des Vignobles Marc Pagès (33340 Bégadan), un Médoc Cru Bourgeois volontaire, affichant son caractère tenace, direct, avec le fruit noir en sous-titre, on n’oubliera pas les notes d’épices, poivre et cumin, un peu de sous-bois pour la balade et des tanins élégants, un beau Médoc à seulement 11,50 €.

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